Tu vois ma fille, ma princesse, ma chérie. Tu aimes tant que je t'appelle
comme çà. "Ma chérie". C'est fou comme j'aurais aimé écrire un livre. Un
livre comme Richard Bohringer. Tu sais celui qu'on voit de temps en temps
à la télé. Quand je te dis. Celui la, je l'aime vraiment. Il parle, il écit, il sent
les choses comme moi. Il vit.
J'aurais aimé écrire le livre de nos routes parcourues ensemble. Toi encore
si petite. Décrire la route, le bout de la route en lacets, l'odeur du bitume
sous le soleil. Et puis la piste. La piste à gauche avant Mbankana.Ibi et son
puits.
Mbombu Lumene c'est pas pour nous.
Bombu Lumene.
C'est beau pourtant ce nom.
Bombu Lumene. Bateke.
Ecrire ce que nous resentons quand nous roulons, quand il fait sec, quand
la voiture tressaute sur la route assèchée. La Drève qui de gauche à droite
est bordée par les bois d'acacias, et d'eucaliptus. Nous fait sa haie d'honneur.
Ta haie d'honeur. Ma belle.
Ecrire, qu'au bout de la drève, longue de plusieurs km mais droite jusqu'à l'horizon.
C'est la savane. Ses herbes hautes. Et tes yeux écarquillés. Tes yeux. ö mon Dieu
Tes yeux.
Ecrire, qu' ici la piste est simplement tracée. Pas comme ailleurs, bombée, jaune,
sèche gliassante avec des fossés profonds de chaque côtés. Non. Ici, on se croirait
encore ailleurs, paysage presque vierge. Ici, on ne passera pas la nuit dans la
chaleur de la carlingue de notre Jeep, parce qu'elle a glissé dans le bas coté.
Nous n'attendrons pas qu'on vienne nous aider. Des villageois, des guides,
pour creuser entre tôle et terre la colline qui nous retient dans son flanc dans
sa boue.
Et toi qui dort. Epuisée. Confiante.
Tu es avec moi. Tes frères aussi.
J'aurais aimé écrire pour que tu te souviennes. pour que rien de de nos
instants ne disparrraissent dans l'oubi de la vie qui happe. Ah la vie.
Et la terrasse, notre Manguier au fond du jardin. Tchouppy.
Ecrire, les grillons qui chantent et leurs sons qui s'en vont, puis reviennent,
rythmés par le vents. La chaleur du soir, le soleil du jour. Et nos regards qui
se coisent. Tes yeux émerveillés, qui m'émerveillent. Je te regarde au milieu
des Cossettes de Manioc. Adoptée par les paysans, nos amis, par les ouvrières,
par les porteurs, les laveurs, ceux et celles qui font la farine des citadines.
Et leurs pagnes colorés que tu aimes tant.
J'aurais voulu écrire,
comme Richard Borhinger.
Je t'aime ma princesse.
Cédit photo : DMAsson
Belle et bonne journée, Bonnes lectures aussi !