220 satoris mortels

Publié le 27 mars 2013 par Joseleroy

Voici un nouvel ouvrage de François Matton, qui raconte avec des dessins et quelques mots, comment l'étonnement nous saisit parfois devant le réel.

220 satoris mortels, 220 instants de grâce , de vertige , comme si par moment au coeur du plus banal se révélait l'extraordinaire.

"Vous êtes là, comme à l'ordinaire, affairé, dans le garage, dans la cour, chez la voisine, au deuxième, au coin de la rue, sous la douche, dans votre lit, au bureau, appli­qué, consciencieux, concentré, ou bien dis­trait, fatigué, énervé, agité, pressé, tendu, pestant, bâclant, tâchant d'écouter, rêvas­sant, ne mâchant pas assez, vissant mal, vous acharnant, pressant le pas, flânant, cares­sant à la dérobée; bref, vous vivez comme d'habitude, en vous efforçant de suivre du mieux possible le cours sinueux de l'exis­tence, tâchant de vous y faire, de vous faire une raison, et vous avez bien raison étant donné que ça se poursuivra vraisembla­blement toujours à ce rythme impossible, il faut bien l'accepter, oui, et vous l'acceptez par la force des choses, bravo, sans réel­lement l'avoir accepté, dommage, puisque ça marche comme ça, suffît de laisser filer, ce que vous faites très bien, vous laissant entraîner tant bien que mal, c'est la vie, pas le choix, advienne que pourra - enfin, vous connaissez le tableau. Bien.
Et puis voilà que soudain, au moment où vous vous y attendiez le moins, tout s'interrompt, pof. Arrêt sur image, pause, stop. Vous basculez étrangement, vous vacillez. Vous ne sauriez dire ce qui arrive, mais vous... mais je... mais enfin... oh... c'est... tellement... tellement...
C'est un satori.
Une suspension du cours des choses. Une suspension du sens de tout. Vertige. Une perte de soi pour une présence de tout." François Matton

Et mon préféré...