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L'erreur stratégique de Mélenchon

Publié le 27 mars 2013 par Bernard Girard
En forçant le trait, en durcissant son vocabulaire, en parlant, à propos de Moscovici,  de "quelqu'un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale", Jean-Luc Mélenchon s'est attiré une vive riposte d'Harlem Désir qui a parlé "d'un vocabulaire des années trente" qui "donne le haut le coeur". De là à accuser Jean-Luc Mélenchon d'antisémitisme il n'y avait qu'un pas qui a vite été franchi, ce qui est absurde. Mélenchon est outrancier et excessif, il n'est pas plus antisémite que Désir.
Ses propos et ceux de ses amis du Front de gauche ("salopard" pour désigner les ministres de l'eurogroupe) l'indiquent : il a choisi une stratégie de la tension plus familière de l'extrême-droite que de la gauche. Stratégie conçue, semble-t-il, pour s'imposer auprès des classes populaires comme le meilleur opposant à François Hollande, meilleur en tout cas que le Front National que le Front de gauche a désigné comme son premier ennemi, celui dont il vise l'électorat. Alors même que Marine Le Pen est quasi silencieuse. On ne l'entend pas dans les médias. Mais en a-t-elle besoin alors que ses troupes se sont mises en province à faire le travail des fond des politiques, la présence, le porte à porte et que ses candidats continuent de marquer des points dans les élections, comme dans l'Oise où, après avoir ridiculisé au premier les candidats de gauche, elle a pratiquement fait jeu égal avec Jean-François Mancel, le candidat de l'UMP.
Cette stratégie est doublement erronée.
Mélenchon se trompe, d'abord, de peuple. Je veux dire par là que le peuple qui vote pour lui n'est pas celui qui se reconnait dans le Front National. Ce n'est pas en durcissant son discours qu'il convaincra celui-ci de voter pour lui :
  •  Il séduit des salariés du secteur public et des professions intellectuelles, catégories protégées de la concurrence internationale. Le Front National trouve ses soutiens chez les chômeurs, les ouvriers, les petits employés qui voient dans l'étranger (le travailleur chinois, l'immigré) un concurrent. 
  • Les premiers sont plutôt ouverts sur le plan des moeurs et adeptes de la démocratie participative, les seconds plutôt traditionalistes et amateurs de leader charismatique, sauveur de la nation.

Cette stratégie rend également plus difficile un rapprochement avec la gauche du parti socialiste et creuse les différences avec le PC dont l'électorat et les intérêts stratégiques sont différents. Le PC a besoin du PS pour maintenir ses positions municipales. Ce n'est pas en insultant les socialistes qu'il peut espérer signer de bons accords au prochaines élections.
En fait, cette stratégie ne mène nulle part. Les communistes qui ont en pris conscience commencent à s'inquiéter. Ils sont trop faibles pour rompre les ponts avec Mélenchon et il n'est pas sûr qu'ils aient les moyens de le faire changer de comportement.


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