La posture est relativement importante pour méditer, comme tout le reste. Même le dualiste pur et dur reconnaîtra que l'expérience à la première personne est influencée par la posture de la troisième. Tout se passe comme si l'inconditionné ne se manifestait qu'à travers des conditions, du moins tant qu'il y a des conditions.Paradoxalement, s'amarrer à une ceinture aide à larguer les amarres.Mais en général, on ne connaît des postures que les postures "du lotus" et dérivées, toutes également douloureuses et fondées sur des artifices internes. Or, les yogis indiens et tibétains - fous mais pas idiots -, considéraient que le bien-être (sukha) était le critère principal d'une bonne posture. Je ne connais pas de texte sanskrit qui explique ou qui prescrive l'usage d'une ceinture de méditation (yoga-patta). Mais j'ai glané une poignée de photos de bas-reliefs durant mes séjours au pays des yogis. Pour les trouver, il faut regarder dans les temples là où les sculpteurs se lâchent : les piliers, en particuliers les côtés les moins visibles, ou bien les recoins.L'usage de la ceinture de yoga avec, parfois, le bâton de yoga (yoga-danda), est bien connu dans les traditions tibétaines. Ces ustensiles permettent de s'installer confortablement et, donc, d'approfondir l'expérience de la présence ouverte (rigpa, vidyâ, cit). Si vous avez des images ou autres références, je vous invite à les partager. Pour commencer, voici des photos récupérées sur internet, des photos de pratiquants tibétains : D'abord le grand parmi les grands : l'Abbé de Nyoshoul, Douceur Indestructible. Il porte la ceinture sans l'utiliser, comme souvent. On remarque parfois une certaine réticence des yogins à se montrer dans une posture qui s'appuie sur la ceinture, car ces postures avec ceinture sont moins formelles, plus intimes. Il existe de plus mille façons de la revêtir. Selon un tailleur khampa (donc pas commode) qui me fît une ceinture à la demande insistante d'un ngakpa, la ceinture doit mesurer deux fois et demie la distance entre le bout des doigts et l'épaule. Plus elle est large, mieux c'est. Les couleurs sont souvent symboliques, car la ceinture est censée symboliser le canal médian : elle est donc souvent rouge à l'extérieur, bleu à l'intérieur, avec des liserés dorés. Le bâton ou la canne de yoga est en bois sculpté, avec parfois des pièces de cuivre. Mais il y a bien entendu maintes variantes selon les traditions. Le XVIe Karmapa, Solidité de l'Absence de solidité. Bomtha Khenpo, un maître dzogchen visionnaire du Bhoutan. Un yogi kagyu dans une posture de rétention typique. Cependant, les bras sont parfois gardés ainsi en dehors des rétentions pour rester droit, la nuit par exemple. Le contexte est celui du yoga sexuel de Candalî, équivalent bouddhiste du Kundalinî-yoga. Une yoginî tibétaine dans une posture typique. Virûpa, alias Virûpâksha, le "yogi qui louchait", dans la même posture que la yoginî. Une interprétation contemporaine tirée de l'Aroter. A suivre