Pas évident quand on est un enfant différent de se faire des amis, et pas facile non plus de supporter les éternelles questions d’une mère inquiète et très présente. Lorenzo n’est pas handicapé, mais souffre d’un dérèglement narcissique, une sorte d’égo surdimensionné qui le fait se sentir toujours en marge du groupe, supérieur ou inférieur, mais jamais sur le même niveau. Il continue cependant tant bien que mal sa scolarité, mais les années passent et son isolement s’intensifie, à l’heure où les ados vivent en bande. Pour ne pas inquiéter sa mère (et aussi pour avoir la paix avec ses éternelles questions), il s’invente une vie, et des amis, des parties de foot et des dialogues dans les couloirs de l'école. Il va même jusqu’à prétendre être invité à des vacances au ski, ce qui rend la mère folle de joie : enfin, son fils s’intègre !
Il a donc tout prévu, s’est installé un petit nid discret et confortable dans la cave de son immeuble, laissant les autres partir sans qu’ils se doutent de rien et répondant tant bien que mal aux appels de sa mère qui veut absolument remercier de vive voix les parents qui l’ont soi-disant invité. Mais il n’avait pas prévu l’arrivée inopinée de sa demi-sœur qui débarque dans son antre. Olivia est épuisée physiquement et nerveusement, et manifestement en pleine crise de manque. Bien qu’il n’ait aucune envie d’être dérangé dans son refuge où tout est prévu pour passer une semaine confortable : nourriture, boissons, musique, jeux vidéo et lit aménagé, il se sent obligé de s’occuper d’elle. Elle qui n’est plus que l’ombre d’elle même alors que dans ses souvenirs elle était rayonnante, libre et semblait vivre à 100 à l’heure, bien plus intensément que lui. Les deux jeunes vont devoir cohabiter et vont peu à peu parler, se dévoiler un peu, dire ce qu’ils ont sur le cœur et regarder chacun leur vie en face. Ces quelques jours créeront entre eux un lien intense.
Ce petit roman est absolument magnifique, très sobre et pourtant d’une forte intensité. On y a parle de solitude, mais aussi de famille, de ces liens qui existent et qu’on ne peut que difficilement couper. On y parle de chemins à choisir pour vivre sa vie et la vivre libre, d’avenir qu’on voudrait voir se déboucher, et aussi de gâchis, d’un terrible gâchis. J’avais découvert Niccolò Ammaniti il y a quelques années avec Je n'ai pas peur et ai retrouvé avec grand plaisir son écriture.
Un roman lu par Noukette, George, Asphodèle, Leiloona, Saxaoul, Val, Cajou, Estellecalim, Mélopée...
Un roman offert par mon cher et tendre pour mon anniversaire !