Au lendemain du salon de l’agriculture et à la veille de la journée internationale du fromage
Français et française, il va déjà falloir admettre que vous êtes devenus de piètres mangeurs de fromages. Les Grecs en mangent ou en mangeaient avant la crise, 25Kg par an et par habitant…
Notre pays, pays dit des 1000 fromages a perdu ses AOC face à des pays mono-fromage comme la Suisse… J’exagère peut-être un peu !
La France, pays de la gastronomie et des fromages
En 2010, la Gastronomie française entrait dans le patrimoine mondial de l’Unesco.En effet, au même titre que les sites et les monuments, une convention visant à protéger désormais les cultures et traditions populaires, intronisait la Gastronomie française en l’ajoutant à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
Voilà bien un signe manifeste que la gastronomie française est bien en voie de disparition comme toute autre sorte de muséification : musée du sabot et autres écomusées…
La belle affaire ! Du fromage sans fromage…
L’Unesco n’a distingué aucune recette française en particulier, mais peut-être n’est-elle pas allée voir comment les fromages étaient fabriqués aujourd’hui.
En 1945, 100% des fromages étaient fabriqués à partir de lait cru sur le lieu de l’exploitation.
Aujourd’hui, seulement 10% des fromages que nous mangeons sont au lait cru, les 90% restant sont fabriqués à partir de lait pasteurisé.
L’industrialisation a fait beaucoup de mal à nos fromages
Les fermiers, les éleveurs ne font plus de fromages. Ils sont devenus un simple maillon de la chaîne pour permettre aux rats de laboratoire de jouer avec des pipettes et des thermomètres pour nous donner encore l’illusion que le fromage est toujours fabriqué par des éleveurs dans les campagnes. Le mythe du circuit court : du producteur de lait également fromager vers le consommateur. Les éleveurs ont dû abandonner l’élaboration des fromages avec leur production de lait quotidienne, sous la pression des lobbies industriels et de la spécialisation des tâches pour notre bien.
Aujourd’hui certains producteurs de lait comme on dit maintenant sont devenus les complices d’une industrie, qui pour notre soi-disant bien, nous vend un produit complètement aseptisé. Et cela touche les plus grands fromages, du camembert à l’Ossau- Iraty… Mais il y aurait des résistants, un village gaulois du fromage.
Fromage au lait cru VS Fromage pasteurisé
Comparativement, un fromage au lait cru, élaboré sur l’exploitation du fermier a une flore jusqu’à 100 fois plus riche et quasi stérile, par rapport à un fromage pasteurisé. Le fromage au lait cru participerait à la régulation des déséquilibres intestinaux.
L’argument des multinationales, était que le lait cru est dangereux pour notre santé. Ce qui aurait été validé par des scientifiques. Mais d’autres scientifiques affirmaient le contraire… Match nul !
En fait non, pot de terre contre pot de fer, on sait bien qui gagne. On se souvient des études scientifiques sur les OGM.
Un problème dès la collecte du lait
En effet aujourd’hui, les multinationales collectent le lait sur les exploitations pour fabriquer dans leurs usines laboratoires, les fromages d’aujourd’hui, au lait pasteurisé.Ça me rappelle d’ailleurs un petit manga qui explique l’industrialisation dans le monde du fromage…
Car le fermier d’aujourd’hui ne fabriquant plus ses fromages lui-même, vend son lait à la multinationale qui elle se charge de la partie fabrication. Par contre le lait est de fait pasteurisé pour raison d’hygiène, ce qui veut dire que le lait est nettoyé de tous microbes, bons ou mauvais. Le lait est vendu plus cher, est-ce que …?
Par contre, parfois, il y a des entorses à la règle : vrai ou faux lait frais ?
Ensemencement et manipulations en laboratoire
Mais pour que ce lait se transforme en fromage, il faut alors l’ensemencer à nouveau, et là, c’est le laboratoire qui commence le processus de ce qu’ils appellent le fromage.
Car en fait il ne reste plus rien pour faire quelque chose qui ressemble à du fromage, avec un goût de fromage…
Donc nos supers laboratoires ont mis au point des tas de choses qu’il suffit de rajouter à cet ersatz de lait. A grand renfort de molécules aromatiques fabriquées sur les paillasses des laboratoires, ainsi que de ferments d’affinage toujours fabriqués par ces alchimistes, tout comme des levures d’aromatisation, des bactéries spécifiques, des souches de moisissures commerciales (liquides ou en poudre)… Ils obtiennent quelque chose qu’ils appellent du fromage. Les grandes histoires du camembert ont même dû réécrire leur histoire : avant et après le lait cru…
En fait, certainement plus de l’or si on prend au sérieux le travail d’alchimiste !
De la nourriture de cosmonaute pour les terriens
En tout cas, comment en est-on arrivé à de pareilles aberrations ?Demain on recasera nos belles vaches normandes, et on fabriquera un bon camembert au lait de dromadaire, qui sentira bon la Normandie de notre enfance.
Attention, tout ceci n’est pas de la science fiction, ces préparations sont déjà dans nos assiettes…
Le fromage au lait cru a simplement été victime d’une campagne de dénigrement, de mauvaise publicité au profit de certains intérêts. Si à cela on ajoute la disparition du goût, du bon goût muséifié par l’Unesco, il n’y a plus de fromages et plus d’amateurs de fromages…
Résistance du fromage au lait cru
Mais il ne faut pas se fier aux apparences, des poches de résistance demeurent. Et là commence un autre problème. Des initiatives pour une cause du fromage peuvent prendre des apparences trompeuses…
Premier principe, quand on est à court d’arguments, on fait dans le marketing. Un peu d’érotisme, de porno chic ou rural, ça peut toujours aider pour la promotion du fromage… On est bien loin de la Belle des champs ou de la Vache qui rit, des fromages bien industriels mais sans erreur de communication.
Déshabiller une femme pour vendre un morceau de fromage ne semble pas relever d’un engagement vraiment plus global pour une meilleure qualité de vie.
Les fermiers américains se forment à l’art du fromage au lait cru
On ne peut pas avoir torts quand les fromagers du nouveau monde se forment à nos savoir-faire traditionnels. La France pourrait encore être autre chose qu’un musée à taille réelle, elle peut être source d’inspiration pour les amateurs de bons mets ! La France et tous les autres pays d’ailleurs. La gastronomie est forcément ouverte sur le monde entier. Souvenez-vous d’Ali Bab !