Flagrants délits sur les Champs-Elysées
Les dossiers de police du gardien Federici (1777-1791)
Présentés et annotés par Arlette Farge
postface de Laurent Turcot
Ed Mercure de France, 2008
En 1777, quand la promenade des Champs-Élysées devient un lieu public
et que tout Paris y est, le comte d'Angiviller, directeur des
Bâtiments du Roi, décide de la doter d'un gardien, fort d'une petite
troupe de quatre soldats. Il les choisit parmi des militaires sûrs, les
troupes suisses, et nomme à leur tête Ferdinand de Federici, originaire
des Grisons, homme dévoué, zélé, d'extraction modeste, qui va faire de
cette promenade sa chose.
Chaque semaine, Federici écrit un rapport, décrivant ses actions de police et son lien de plus en plus affectif
à cet endroit entre ville et campagne, fréquenté par les aristocrates
comme par les pauvres hères, lieu de jeux, de loisirs, de promenades et
de parades, espace de la séduction, de la convoitise, du voyeurisme,
mais aussi de l'émeute et de la violence. Les querelles, les duels à
l'épée ou au pistolet, les batailles collectives, les jeux de barres
interdits, les chapardages, les émeutes d'étudiants, les ventes à la
sauvette, les attroupements autour des carrosses, les dragues de
prostituées et les agissements des pédérastes sont le pain quotidien
de la garde des Champs-Élysées.
Federici et ses hommes sont les rois du
flagrant délit : ils surprennent la vie de Paris sur le vif, la ville
la plus populaire comme la plus mondaine. À chaque rapport, de son
écriture vive, colorée, réaliste, Federici croque des scènes qui
ressemblent à des esquisses de peintre, aux zébrures de la vie
quotidienne du XVIIIe siècle, nous donnant des informations à la fois
banales et captivantes.