Lauréat du Prix Goncourt 2008 pour Syngué Sabour, Atiq Rahimi adapte son oeuvre au cinéma avec l’aide du scénariste Jean-Claude Carrière. Le résultat est très littéraire, la mise en image statique et théorique d’un monologue sans surprise. Concernant la difficile émancipation de la femme dans les pays musulmans, on préfèrera encore Wadjda et son charme romanesque.
Synopsis : Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. Au fur et à mesure, sa parole se libère…
Le film prend la forme d’un monologue proche de la voix off. Elle profite qu’Il est dans le coma pour s’exprimer et prendre du plaisir. Deux choses qui sont habituellement refusées à la femme : la liberté de parole et la jouissance. Atiq Rahimi orchestre un retournement de situation : la femme-objet est devenue autonome, au contraire son mari n’est plus qu’une simple pierre de patience.
Alors Elle parle, Elle se confie, Elle se raconte, Elle qui était jusque là réduite au silence et à la misère affective. Le récit est d’un didactisme très appuyé. Le film est prisonnier de son dispositif théâtral et illustratif.
Le roman est plus récité et mis en image qu’adapté en œuvre de cinéma. Le fait qu’on comprenne au bout d’un quart d’heure le grand secret de la Femme, qu’elle mettra tout le film à révéler, n’arrange rien. Le spectateur devient lui-même la pierre de patience. Il absorbe le texte silencieusement.
Syngué Sabour n’est pas vraiment raté, Golshifteh Farahani est convaincante, son parcours est intéressant, quelques plans sont pertinents mais le film ne prend pas vie, il reste coincé dans sa théorie. Tout cela manque de romanesque, de corps, de consistance pour que se dissipe la désagréable impression d’assister à un exposé statique.
Note : 3/10
Syngué Sabour – Pierre de patience (titre original : Syngué Sabour)
Un film de Atiq Rahimi avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan et Hassina Burgan
Drame – France, Allemagne, Afghanistan – 1h42 – Sorti le 20 février 2013