Alors que la cigarette est largement reconnue comme l’une des causes majeures de maladies évitables en particulier cardiovasculaires, les données démontrant les effets secondaires du tabagisme, en particulier sur la santé osseuse, sont encore rares. Le Dr Samir Mehta, chef du Service de traumatologie orthopédique de la Penn Medicine, suggère que ces risques-là soient également abordés avec le patient, en particulier en ca de traitement chirurgical consécutif à une blessure ou une fracture.
Cette méta-analyse a été réalisée à partir des études publiées dans Medline, Embase et la base Cochrane portant sur les effets du tabagisme sur l’os et la cicatrisation des tissus mous. A la recherche d’une éventuelle association entre le tabagisme et le temps de guérison et les diverses complications possibles, les chercheurs se sont focalisés sur les fractures les plus courantes, du tibia, du fémur, de la hanche, de la cheville et de l’humérus, chez un total de 6.480 cas de patients pris en charge à la fois par traitement chirurgical et non chirurgical.
6 semaines de plus : Les résultats de l’étude montrent que, pour tous les types de blessures avec fracture chez les patients qui fument, prennent environ 6 semaines de plus pour guérir que chez un non-fumeur. Un fumeur aura besoin de plus de 30 semaines en moyenne pour parvenir à la cicatrisation vs 24 semaines chez u non-fumeur. D’autres résultats montrent que les fractures chez les fumeurs ont un risque multiplié par 2,3 de ne pas « se réduire » par rapport au même risque chez les non-fumeurs.
Rappelons, qu’avec l’ostéoporose, parmi 40% des femmes françaises atteignant aujourd’hui l’âge de 50 ans présenteront avant la fin de leur vie une fracture par fragilité touchant les vertèbres, l’extrémité supérieure du fémur ou le poignet. On estime ainsi à 55.000 le nombre de fractures du fémur, à 40.000 le nombre de fractures du poignet et à 70.000 le nombre de fractures vertébrales, chaque année en France. Avec le vieillissement de la population, on estime que ces chiffres pourraient doubler d’ici à 2025. Aux Etats-Unis, les auteurs estiment à 6,8 million le nombre de fractures nécessitant un traitement médical. La question de l’impact du tabagisme n’est donc pas anodine. Au-delà des efforts de promotion de la santé osseuse par supplémentation vitaminique et minérale, la modification de facteurs évitables, comme le tabagisme, doit faire partie des stratégies de prévention- comme de traitement-.
Mais ici, il s’agit de promouvoir de meilleurs résultats post-fracture, pour les patients, explique l’auteur et de sensibiliser les patients fumeurs au risque accru de complications. Il reste à évaluer la relation dose-dépendante entre cigarette et guérison des fractures dont les effets de la date de cessation de fumer –avant ou après l’intervention ?- Alors, qu’en 2011, des chercheurs des Canadian Institutes of Health se sont posé la question des risques éventuels de l’arrêt du tabac juste avant une intervention, leurs conclusions sont sans appel et vont dans le même sens : La constatation d’un effet bénéfique de l’abandon récent, avant l’intervention, par rapport à la poursuite du tabagisme, et aucun relevé d’effets néfastes.
Source: American Academy of Orthopaedic Surgeons annual meeting Blowing Smoke: A Meta-Analysis of Smoking on Fracture Healing and Post-Operative Infection (Visuel© Cyril Comtat – Fotolia.com)