Hollande à la télévision : lutter contre l’erreur de casting

Publié le 26 mars 2013 par Délis

Cote de popularité qui atteint un plancher historique, besoin de réinscrire son action dans un cap clair, contestation virulente de l’extrême-gauche…

Ce jeudi, le Président Hollande parlera sous la pression des commentateurs, et la méfiance de l’opinion publique. Et si la défiance qui frappe François Hollande s’est également abattue sur son prédécesseur- certes un peu plus tard dans le quinquennat, la nature du désaveu ne se recoupe pas totalement. Pour N. Sarkozy comme pour F. Hollande, l’impossibilité de résorber le chômage et d’améliorer le pouvoir d’achat, deux attentes prioritaires des français , sont les premiers fossoyeurs de leur popularité.

Mais si l’exercice du pouvoir par N. Sarkoy fut source de réactions épidermiques, sa stature de Président ne fut pas remise en question– liée notamment à deux items structurants que sont la crédibilité internationale et l’autorité perçue. Or, chez F. Hollande, c’est l’aptitude même à être Président qui pose question aux français. Elu pour faire barrage à la droite par 55% de ses électeurs selon Ipsos, Hollande doit éloigner, 10 mois après son élection, le spectre funeste de « l’erreur de casting ». Celui qui avait fait le pari du choc de confiance pour renouer avec la croissance inspire le sentiment contraire, au delà des filtres partisans. Selon Opinion Way, pour 60% de nos compatriotes, François Hollande inquiète . C’est cette inquiétude trouble qui doit d’abord être combattue jeudi. Dans cette perspective trois pistes se dessinent :

Faire don de sa popularité.

Remonter aujourd’hui dans les sondages relève du combat perdu d’avance, alors que la crise obère toute chance de baisse du chômage dans les prochains mois. Pourquoi ne pas utiliser précisément cette donne au service de sa mue présidentielle ? Faire don de sa popularité, assumer le désamour au service d’un dessein plus grand signerait un changement radical pour François Hollande. Et c’est peut-être en acceptant officiellement son statut de mal aimé, que le « sympathique » Hollande peut paradoxalement revêtir les habits de Président qui lui manquent tant.

Générer de l’info pour desserrer l’étau

Dissiper le malentendu d’un Président élu par défaut, c’est aussi faire preuve d’autorité. La démission de J. Cahuzac sera utilisée jeudi. L’objectif : démontrer la capacité du chef Hollande à trancher rapidement. Mais cette séquence sera immanquablement effacée par de nouveaux déplacements houleux et autres « couacs » gouvernementaux -selon l’expression consacrée. Or, ces derniers nourrissent un climat anxiogène, comme le démontre la dernière enquête qualitative réalisée par le JDD pour l’IFOP dimanche 24 mars. Celle d’un pouvoir qui sur la question des retraites ou des allocations familiales multiplie les annonces, parfois discordantes, et ne sait pas où il va.

Au delà du réalignement nécessaire entre les ministres, ces couacs reflètent surtout une faiblesse de communication. Le gouvernement ne parvient pas à faire l’agenda. Pour desserrer l’étau sur les faux-pas traités à la loupe grossissante par les médias, le président doit ouvrir des chantiers et nourrir les journalistes. Une nécessité d’autant plus forte que la question du chômage nécessitera du temps pour être réglée et ne peut faire l’objet d’une annonce tous les deux jours.

Un sujet concentre l’intérêt des français et pourrait habilement occuper l’espace : la réforme de la classe politique. Selon un sondage Harris Interactive, le renouvellement de la classe politique via des quotas et la mise en place de référendums  constituent des demandes puissantes dans un contexte de défiance généralisée. Un choix qui aurait le mérite d’offrir une réappropriation par les français de leur destin individuel et collectif et  de contrer Marine Le Pen. En attendant la nomination de Manuel Valls en 2016 au poste de premier Ministre.

Qui perd gagne

Enfin, être Président, c’est promettre qu’au bout du tunnel il y a une reprise. Jeudi, Hollande devra combattre le sentiment partagé par un français sur deux que le déclin de la France est inéluctable. Un repli d’autant problématique qu’il fige toute idée d’effort. Comment accepter de sacrifier aujourd’hui une partie de son patrimoine, de ses avantages qu’il sera impossible de reconquérir demain ?

Or, sans espoir de rebond, la chute a toutes les apparences du suicide. Pour éviter un sentiment de mort lente qui annihile tout effort collectif, Hollande devra dans ses mots, combiner la violence de la réalité et la folie de l’espérance. Une espérance qui pourrait encore une fois revêtir le drapeau Allemand, et dont le Président aurait tort de se priver pour rendre crédible des lendemains meilleurs.