Depuis environ une trentaine d’années, l’Hexagone est championne du monde de la consommation de psychotropes. Les Français sont en effet friands de ce type de produits que sont les antidépresseurs, les somnifères, les tranquillisants ou bien encore les neuroleptiques. Alors, goût du médicament ou réel problème dépressif ? La question est posée.
Selon les chiffres officiels de l’Inserm, un Français sur cinq prendrait au moins une fois un médicament psychotrope dans l’année. Plus de 200 millions de boîtes sont vendues tous les ans dans le pays, ce qui est 2 à 4 fois plus élevé que ses voisins européens.
Les psychotropes sont des traitements moléculaires qui agissent sur le système nerveux central, en agissant sur certains processus cérébraux. Ces médicaments sont potentiellement dangereux puisqu’ils peuvent développer chez le patient un sentiment de dépendance. De même, ils peuvent être détournés de leur usage d’origine par les trafiquants de drogue.
En France, le nombre de consommateurs continue légèrement d’augmenter. Généralement, les individus commencent à en prendre durant l’adolescence. Ce sont les femmes qui sont majoritairement concernées par ce phénomène puisque 23% d’entre-elles en prennent au moins une fois par an, contre 13% chez les hommes.
Parallèlement à cette surconsommation de psychotropes, la France connaît un taux de suicide très important, supérieur à la plupart des pays développés, puisqu’il est de 16,2 pour 100 000 habitants, ce qui représente environ 11 000 personnes par an. C’est ainsi la première cause de mortalité chez les 30-39 ans.
Ce phénomène peut représenter une énigme sociétale chez les observateurs étrangers. En effet, la France est la cinquième puissance économique mondiale, le système éducatif est considéré comme bon, l’espérance de vie est élevée, et c’est le pays le plus visité au monde par les touristes étrangers, signe évident de la beauté géographique et architecturale du territoire. Alors, pourquoi tant de signes évocateurs d’un mal-être ?
D’après l’analyse de Claudia Senik dans The Guardian, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, cette attitude dépressive serait la conséquence psychologique de la façon dont les jeunes Français sont élevés. Cette socialisation serait ainsi marquée par un certain pessimisme et manquerait de recherche du bonheur, comme cela peut être le cas chez certains pays anglo-saxons. Selon une étude menée par l’institut Win-Gallup, les Français seraient en effet plus pessimistes pour cette année 2013 que les Irakiens ou les Afghans.