Au Rond-Point, Minyana signe une fable un peu "light" ...

Publié le 26 mars 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Ca démarrait pourtant bien, fort bien, cette épopée fantasque, joliment barrée, faussement naïve, imaginée par Philippe Minyana dans le cadre des "Odysées de l'Amour et de la Fraternité" qu'il offre en ce moment à différents interprètes ("Sous les Arbres", en 2011, en était le premier volet). Hélas, il ne nous fallut pas plus d'un quart d'heure pour décrocher, faute d'un propos suffisamment nourri au fil d'une succession de saynètes sympathiques mais inégales, longuettes mises bout à bout (malgré la brièveté du spectacle), données par une équipe talentueuse qui fit son possible afin de maintenir notre attention.

"Cri et Ga cherchent la Paix" propulse les deux héros au coeur d'un monde de contes de fées (nimbé d'un inconscient très adulte) peuplé de leurs proches, de souvenirs déformés, d'émotions refaisant surface, de femmes à barbe, d'animaux crucifiés, ou encore de sources magiques. Brassant les thèmes de l'amour, de l'amitié, de la famille, du bonheur, l'auteur revendique une simplicité enfantine dans le traitement. Nous l'entendons. On reste cependant frustrés face à une poésie et un surréalisme qui pourraient gagner, au choix,  en grâce, en malice, ou en impertinence.

Côté interprétation, Christophe Huysman et Gaétan Vourc'h, Cri et Ga, affichent une hilarante et permanente candeur extatique, jusque dans l'expression de leurs envies les plus primaires (oui, il est quelquefois question de pipi-caca-vomi...) et se laissent porter nonchalament par les évènements. Très bons. Autour d'eux, dirigés par Frédéric MaragnaniJuliette Savary, Marion Camy-Palou et Moustafa Benaïbout composent avec une jubilation communicative les multiples personnages évoluant dans  une forêt enchantée symbolisée par deux branchages  surplombant un plateau nu, ou presque.

Une proposition prometteuse à son commencement, finalement anecdotique, qui nous laissa sur notre faim. Dommage.

Du même auteur, foncez plutôt applaudir la reprise d'"Inventaires" au Poche-Montparnasse, délicieux moment de comédie dans lequel brillent trois déesses des planches... 

Photo : Sonia Bressler