L’homme ne cesse d’évoluer, nous dit-on et s’enorgueillit de son parcours réussi depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, où sa création culmine en tant que « civilisation », modèle s’il en est d’intelligence et d’élévation spirituelle.
Comment a t-il accompli ce prodige alors que les animaux, les plantes voire les minéraux n’ont rien fait, excepté peut-être une participation à l’équilibre naturel, mais bon, ils ont eu de la
chance ; ils ne peuvent en aucun cas en retirer un mérite quelconque sachant que le mérite est humain et seulement humain.
Revoyons donc grossièrement le film de son évolution, au ralenti, en
ne retenant que les séquences hollywoodiennes, fortes et riches de sens comme à l’accoutumée.
Ça commence par un plan américain, au hasard, sur un faciès simiesque ; cet artifice de départ a l’avantage d’apporter d’emblée un grand sentiment d’évolution, rassurant, générant donc
l’empathie du téléspectateur conquis.
La voix off nous le présente :
C’est Grand-Père !!!
On apprend que Grand-Père était fonctionnaire puisqu’objet de
mutations, de millénaire en millénaire jusqu’à la fonction humaine ; l’évolution nécessite du temps surtout par tranche de 32 heures.
Ce singe disposait principalement de deux atouts ; le premier consistait en une mort soignée, un auto-enterrement aseptique longue conservation qui a permis à toute une génération zélée de
scientifiques de s’adonner à la taxidermie anthropologique. Grâce à ces derniers, nous savons de façon formelle qu’il existait des singes à la préhistoire, ça fait avancer le débat !
L’autre atout de Grand-Père était la main !
Avoir des mains ne présente guère d’intérêt, en revanche posséder La Main (qu’elle soit dextre ou sénestre), voilà la première révolution industrielle. On impute à cette extrémité de membre toute la chaîne de l’évolution alors qu’à priori, la transmission de génération en génération s’est opérée par une autre extrémité…enfin bon…soit !
Grâce à l’apparition de la main donc, Grand-Père a progressé !
On en déduit qu’Arrière Grand-Père, du stade antérieur, n’avait pas de main, notre ancêtre ressemblait alors à un manchot anthropomorphe !!!!!!
Le réalisateur du film, en l’occurrence moi, commettra volontairement l’impasse sur les peuplades égyptiennes dont l’apparente maîtrise technologique fit émerger les pyramides ; celles-ci
inspirèrent, là encore, une pléthore de fictions scientifiques délirantes dédiées à leur construction, qu’on ne saurait reproduire aujourd’hui malgré notre
évolution.
Bref ! revenons à Grand-Père, notre vrai ancêtre stupide et
démago comme on les aime.
Les plans-séquences suivants dépeignent, son mal de dos aidant, le redressement progressif de Grand-Père (il n’avait pas assez d’argent pour payer cash), puis la fabrication d’outils et enfin
l’édification du langage, avec pour premier mot reconnu, le fameux « zyva ».
Peu à peu, nous découvrons la naissance de la distorsion des échanges équitables, autrement nommée « profit », qui contribuera d’ailleurs, à la sophistication croissante de systèmes de
lois éradiquant le spontané de la nature humaine.
Nous arrivons alors en l’an 33, à un moment crucial du film, enfin
je crois, où un grand-père au visage plus récent, se fait immoler sur un passage clouté pour des raisons démocratiques.
C’est le premier piéton de l’histoire, connu pour un accident de circulation et ce, bien avant la création de l’automobile.
De cet événement surgit la divine prévention routière ou religion, altière et puissante, enseignant le bon usage des voies du seigneur avec assurance, bris de glace etc.., à savoir en réalité le
caniveau.
Le quidam grand-père ordinaire chemine alors avec culpabilité, rémanence persistante des bienfaits de l’exégèse biblique.
Cependant, grand-père transmuté en père sur l’échelle du temps, parachève son évolution en recourant au sport international des grands, aux guerres, afin de démontrer à ses ennemis son
affranchissement du stade animal.
Cette soif d’éducation envers son alter ego païen et inculte, le fera progresser davantage encore, le poussera à développer des armes de destruction massives comme prolongement d’une main devenue
trop petite pour étendre le bien.
La science gagne lentement ses lettres de noblesse et renvoie passagèrement aux oubliettes la divine prévention routière mais passagèrement…
A la fin du film, notre très proche ancêtre oscille entre deux tendances, croire en un Ineffable inféodé au libéralisme ou en un matérialisme scientifique pourfendeur de vérités réductrices et lénifiantes. C’est dramatique !
Heureusement, l’happy-end convenue lui évite le caniveau, il recouvre force et santé grâce notamment aux OGM, aux GSM, aux ONG et à l’ONU.
N’oublions pas que l’homme préhistorique est un self made man et que son rôle d’homme accouché dans la douleur lui vaudra d’être césarisé (sans forceps) !
Vive l’évolution et rappelons-nous que le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas !!!!