arpenteur de l'imaginaire

Publié le 26 mars 2013 par Pjjp44

"Quelques fois l’envie me prend  de ne plus écouter, de ne plus  entendre le capharnaüm assourdissant , ces dires qui ne me parlent pas et qui pourtant ne me laissent  pas indifférente. J’ai choisi un camp,  un refuge à réflexions, une sorte de terrasse bien abritée par la sagesse. Pourquoi se mêler aux voix inaudibles et souvent barbares qui voudraient  chacune à leur tour, vous happer, vous avaler pour rendre votre âme transparente et insipide, une âme morte est plus facile à manipuler…
Je marche en suivant  une trame presque invisible, comme celle de la toile de lin qui attend son point compté !  Je suis un peu funambule, un peu artiste et mon oreille reste à l’écoute du vent et peu importe d’où il vient… Une force en moi m’oblige à suivre une piste, une sorte de chemin tapissé de songes et de galets tous ronds pour que mes pieds glissent sans contrainte. L’Imaginaire est une école sans professeur, sans tableau et sans note ! Il m’aura fallu du temps pour comprendre tous les rouages de ses cours initiatiques, de sa musique qui ne joue que pour vous, de son vent qui vous pousse pour vous faire marcher sur l’eau… 

L’Imaginaire est souvent capricieux, et pour l’amadouer il faut être patient !   Nous nous ressemblons beaucoup ;  il manque parfois d’assurance, on se moque de lui, et on lui à même dit un jour, qu’il n’avait guère d’utilité dans ce monde carnassier… Fit de toute critique, il sait rester lui-même et offre tout ce qu’il possède.  Je serais toujours une éternelle apprentie, mais grâce à lui  aujourd’hui je me sens pousser d’autres ailes, pas plus grandes mais plus solides ! Je deviens Arpenteur de l’Imaginaire… .../..."
extrait de: "Arpenteur de l'imaginaire" de Virginie Rossetti-"Les rêves du Simorgh"-


"Je veux avoir le temps d'apprivoiser les mouches,
Je veux l'Eternité pour apprendre ta bouche,
Je veux voir les saisons minute par minute,
Brindille par brindille tout le bois de ma hutte.
Je veux, chaque seconde, connaître une habitude,
Comme un chien familier, comme la solitude,
Je veux me coucher là et n'être pas rentable,
Je veux vivre la vie d'une pierre, d'une table,
Sans suspense, sans destin, sans crainte, sans dénouement,
Je veux avoir le temps de perdre tout mon temps...
Je ne veux pas vieillir, je ne veux pas mourir, je n'veux pas
Je veux que tu sois belle et que tu brûles ailleurs,
Comme un bête en feu, sans que j'aie ni douleur,
Ni jalousie, ni haine, ni fierté pour rien;
Je ne veux plus, familles, votre orgueil sicilien,
Je veux avoir le temps de simplifier nos corps;
Cette fille qui passe, il me la faut encore,
Cet étranger te plaît, et c'est épidermique;
Je veux avoir le temps de comprendre cette musique,
Je veux avoir le temps de ne plus avoir mal,
Je veux avoir le temps d'être enfin animal...
Je ne veux pas vieillir, je ne veux pas mourir, je n'veux pas
Je veux des barricades qui servent à quelque chose,
Que près des immortelles, elle vivent, les roses,
Je veux que les enfants ne soient plus des victimes,
Qu'on raye des dictionnaires "bombarde", "tue", "assassine",
Je veux que la Raison n'ait plus droit de cité,
Qu'"intelligent", "malin" deviennent inusités,
Je veux avoir le temps de faire vingt ans de taule,
Cent ans de poésie, mille ans sur ton épaules,
Je veux avoir le temps d'être ni vieux ni sage,
Je veux avoir le temps d'être Idiot du Village...
Je ne veux pas vieillir, je ne veux pas mourir, je n'veux pas"

-Henri Tachan-