Une probabilité accrue d’être mère à l’adolescence, c’est l’association relevée chez les filles maltraitées sexuellement ou négligées durant leur enfance, par cette étude du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center. Ces conclusions, publiées dans l’édition du 25 mars de la revue Pediatrics, montrent que ce taux grimpe à plus de 20%, en cas de maltraitance ou négligence à l’enfance, alors qu’en population nationale (américaine) le taux d’accouchements chez les mineures est d’environ 4%.
« Les adolescents victimes d’abus sexuels, ou de négligence, ont des approches distinctes pour le sexe et l’activité sexuelle en raison des traumatismes subis« , explique le Pr Jennie Noll, directeur de la recherche en médecine comportementale et psychologie clinique à Cincinnati, qui rappelle la nécessité de programmes de prévention primaire concernant la sexualité, auprès des adolescents.
Cette étude prospective sur la grossesse chez les adolescentes a suivi 435 adolescentes de 14 à 19 ans, avec une évaluation annuelle portant sur l’activité sexuelle et, le cas échéant, la grossesse et la maternité. Environ la moitié de ces adolescentes avait été recrutée dans des services spécialisés de protection de l’enfance et avait donc été victime de maltraitance ou de négligence au cours des 12 derniers mois. L’autre moitié des participantes n’avait pas subi de mauvais traitements ou de négligence, mais était appariée en termes d’âge, de revenu, et de structure familiale.
20,3% des participantes victimes de maltraitance ont eu des enfants, vs 9,4% dans le groupe témoin. Et si le groupe témoin présente un taux d’accouchement double du taux national (4%), cela reflète les critères de sélection de ses participantes, appariées aux jeunes filles maltraitées, donc plutôt issues de minorités et à faible revenu, des critères également facteurs de maternité précoce.
Il faut préciser que les États-Unis continuent d’avoir l’un des taux les plus élevés de natalité chez les adolescentes parmi les pays industrialisés. En France, le taux de grossesse chez les jeunes femmes de moins de 19 ans est estimé à 1,9%. Mais quels que soient ces taux en population générale, ils sont plus élevés encore chez les adolescentes des services de protection de l’enfance, en raison de l’absence de prévention ciblée, expliquent les auteurs. Pourtant, ajoutent-ils, les intervenants auraient « une occasion en or » d’éduquer ces adolescentes sur ce risque et sur les conséquences possibles d’une maternité à l’adolescence.
Source: Pediatrics online March 25, 2013 doi: 10.1542/peds.2012-3072 Teen Birth Rates in Sexually Abused and Neglected Females (Visuel Fotolia)
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