Dur d’être parents de même sexe car au-delà des stigmatisations sociales, les parents homosexuels sont jugés, à situation ou comportement comparable, bien plus sévèrement que les parents hétérosexuels. C’est la conclusion de cette étude de l’Université de Binghamton publiée dans le Journal of GLBT Family Studies -l’une des rares revues à publier des études sur l’expérience des lesbiennes, gays, bisexuels, et transgenres dans le contexte de la famille- et qui appelle à faire tomber ces préjugés. Une étude qui s’ajoute à l’avis technique tout récent de l’American Academy of Pediatrics favorable au mariage, à l’adoption et à toutes voies de parentalité pour le couples gays, pour le bien-être des familles et …des enfants.
Les membres du Groupe de recherche sur la sexualité et le genre de l’Université de Binghamton, menés par le Professeur Sean Massey ont mené cette étude sur les réactions des gens aux comportements parentaux des parents homosexuels et hétérosexuels. Leurs résultats montrent, pour des comportements parentaux identiques, une nette propension à des réactions bien plus négatives vis-à-vis de couples gays que vis-à-vis de couples hétéros. Les auteurs constatent en effet que lorsque les parents adoptent des comportements parentaux « favorables », comme réconforter un enfant bouleversé, les parents homosexuels et hétérosexuels ont été jugés d’une manière similaire et de manière positive. Mais lorsque les parents élèvent la voix ou punissent leur enfant, les parents homosexuels sont jugés plus négativement que les parents hétéros.
L’absence d’indugence et les préjugés, un stress supplémentaire pour l’enfant comme pour les parents: Une différence marquée significative, expliquent les auteurs car alors qu’aucun parent n’est parfait, l’absence d’indulgence pour les parents homosexuels vient ajouter un stress supplémentaire à la tâche déjà stressante de la parentalité. Cela peut également, dans certaines situations, nuire à leurs chances d’adopter ou de devenir famille d’accueil. Les auteurs suggèrent de former les travailleurs sociaux et les conseillers d’adoption aux effets des préjugés anti-gays et de leur donner des outils qui pourront contribuer à aider ces parents à se protéger contre ces jugements négatifs. Favorables à l’adoption par les couples homosexuels, en particulier en regard du nombre d’enfants qui attendent une nouvelle famille d’accueil ou d’adoption, les auteurs mettent ici en lumière la situation désavantageuse dans laquelle se retrouvent ces couples, qu’ils reconnaissent comme un « vivier précieux de parents adoptifs et nourriciers ». L’objectif est d’améliorer la vie quotidienne de nos familles et de nos enfants, ajoutent-ils.
L’American Academy of Pediatrics, favorable au mariage et à l’adoption par les couples gays: Alors que la France se débat encore avec la réforme sur le mariage homosexuel, l’American Academy of Pediatrics, aux Etats-Unis, vient de publier une déclaration politique en faveur du mariage homosexuel et réitère son soutien à l’adoption d’enfants par des familles gays. Les auteurs de cet avis rappellent qu’aujourd’hui, de nombreuses données disponibles provenant de plus de 30 années de recherches montrent que les enfants élevés par des parents gays et lesbiennes ont fait preuve de résilience en matière de santé sociale, psychologique et sexuelle, et cela malgré la stigmatisation sociale. De nombreuses études ont également démontré que le bien-être des enfants est affecté bien plus par leurs relations avec leurs parents que par le sexe ou l’orientation sexuelle de leurs parents. L’incapacité pour les couples de même sexe de se marier ajoute au stress des familles, affecte la santé et le bien-être de tous les membres de la famille. Parce que le mariage renforce les familles et, ce faisant, profite aux enfants, les enfants ne devraient pas être privés de cette possibilité de lien familial. Les différentes voies de parentalité qui, citent les auteurs, incluent les techniques de procréation médicalement assistée, l’adoption et l’accueil, devraient se concentrer sur les compétences des parents plutôt que sur leur orientation sexuelle.
Ici aussi, les chercheurs de l’Université de Binghamton pensent qu’un fort soutien des organisations professionnelles médicales et en psychologie, pour le mariage gay ajouté au soutien croissant du grand public (58% des Américains sont favorables au mariage homosexuel), pourrait permettre de passer à la prochaine étape, concernant les droits des homosexuels, c’est-à-dire à l’homoparentalité. L’objectif reste donc, pour ces chercheurs, de tenter de réduire, par des stratégies d’éducation et de prévention, tous les préjudices manifestes et les préjugés hostiles qui d’affectent la vie des lesbiennes, des gais, et de leurs familles. « Ce sont des jugements dommageables, qui servent à limiter l’accès de ces familles aux soutiens et aux ressources possibles et qui, en fin de compte nuisent à la jeunesse d’aujourd’hui« , conclut le Pr Massey.
Sources: Journal of GLBT Family Studies 26 Feb 2013 DOI:10.1080/1550428X.2013.765257 Modern Prejudice and Same-Sex Parenting: Shifting Judgments in Positive and Negative Parenting Situations et American Academy of Pediatrics March 20, 2013, doi:10.1542/peds.2013-0377 Promoting the Well-Being of Children Whose Parents Are Gay or Lesbian