Après avoir franchi la première étape sans encombres, et vu l’étroitesse de mon entrée aucun risque n’était envisageable, nous accédons au séjour. Rien de remarquable pour un magazine de décoration d’intérieur mais c’est mon chez moi, mon antre, ma tanière, donc à ce titre un lieu exceptionnel et quasi parfait.
D’un coup d’un seul, le regard englobe toutes mes passions. A droite, une collection de Pléiade dit mon goût pour la lecture et s’oppose à gauche, à des rayonnages pleins de CD prouvant mon intérêt pour la musique. Echantillons de ma bibliothèque mais belle partie de ma discothèque, de part et d’autre de la pièce, comme les colonnes de mon temple sacré. C’est ici que la musique se joue et retentit, sons de ma jeunesse, échos de mes joies et rêves d’adolescent, telle le liquide amniotique c’est en elle que je me régénère et trouve les forces pour vivre. Un disque sur la platine et selon mon choix, je me retrouve vingt ou cinquante ans plus tôt, voyage dans le temps complètement maîtrisé, souvenirs ranimés à volonté mais l’émotion n’est pas toujours contenue. Aujourd’hui et à mon âge, la musique m’offre des voyages connus, dans la trace de mes pas anciens, alors que les livres, m’offrent des parcours neufs, dans le pas des autres. « Une chanson, là-bas… c’est un mendiant. Puisqu’il chante, ce vieillard qui n’a jamais rien possédé, pourquoi gémis-tu, toi qui as de si beaux souvenirs ? »
Sur des étagères, on aperçoit une photo prise à San Francisco, rappel d’un voyage fabuleux il y a bien longtemps, à ses côtés une gravure des abords de l’Hôtel de Ville de Paris pour me souvenir – comme si cela était nécessaire – que j’ai fréquenté ce quartier durant quarante ans de ma vie professionnelle. Là aussi voyage dans un passé pas si lointain fait de plus de joies et de rires que de mauvaises pensées.
Et puis des plantes vertes pour que la nature ne soit pas qu’un mot et que le voyage intérieur ne me fasse pas perdre le contact avec la terre, aussi bien qu’avec le soleil qui entre à grands traits par la porte-fenêtre. Quand il y a du soleil, bien sûr.
La courtoisie voudrait que je vous invite à vous asseoir pour prendre un verre, mais notre périple n’est pas encore achevé ; s’arrêter maintenant nous couperait l’envie de poursuivre, or j’ai un programme et j’aime à m’y tenir. A suivre, une fois encore…