C’est un endroit mythique et démesuré. Avec ses 880 mètres du nord au sud et 500 mètres d’est en ouest, ses 440.000 m2, c’est la place publique la plus grande du monde. On l’appelle la place Tian’anmen, « la porte de la paix céleste ».
Ces événements historiques sont aujourd’hui au coeur d’un beau roman graphique, « Oublier Tian’anmen », de Davide Reviati, traduit de l’italien il y a peu par les éditions Cambourakis.
Dans le regard d’un journaliste
L’auteur, peintre et illustrateur, revient sur cette tragédie en mettant en scène un journaliste italien, Dario, qui se rend à Pékin pour interroger acteurs et témoins, dans le but de rédiger un article. Mais l’intime va le rattrapper. Dans sa jeunesse, il était amoureux de Fu-Chi, fille d’un réfugié politique chinois en Italie. Ils s’étaient alors promis de se retrouver vingt ans plus tard place Tian’anmen.Peu à peu, l’histoire collective et l’histoire affective de deux individus s’entremêlent au fil des pages. Le narrateur prend conscience de l’horreur de la répression du printemps 1989 et de l’oubli qui l’accompagne encore aujourd’hui. » Pour évoquer la révolte de Tian’anmen, les autorités chinoises ne parlent-elles pas aujourd’hui d’un « incident politique »?
L’auteur livre ici un travail très abouti sur la mémoire, évitant le dolorisme ou la démonstration. Alternant encre et peinture, noirs et blancs expressionnistes d’une belle densité, Reviati ( salué par la critique pour Etat de veille, Casterman, 2011) nous propose un album très sensible, émouvant, bien documenté. Une réussite…- Oublier Tian’anmen
- Auteur : Davide Reviati
- Editeur: Cambourakis, collection Bande dessinée ( traduit de l’italien par Samuel Delerue)
- Prix: 20 €