Pour les eurocrates, il semble que voler les économies des citoyens soit la condition d'un retour à la stabilité financière de Chypre.
Par Richard North, depuis Bradford, Royaume Uni.
Je ne peux pas commencer à faire semblant de comprendre que les "collègues" pensaient ce qu'ils faisaient avec leur 10 milliards d’euro pour sauvegarder les banques chypriotes. Mais avec un prélèvement sur les dépôts – fixé dans le premier plan à 9,9% pour les dépôts bancaires à 100.000€ et à 6,7% pour ceux dont les économies sont plus faibles – la manœuvre pouvait être décrite comme un "vol pur et simple".
La taxe était censée rapporter environ 5,8 milliards d’euro et être imposée mardi après le jour férié du lundi. Ceci explique les queues formées à la hâte devant les distributeurs de monnaie, puisque les gens cherchaient à déplacer leurs réserves d’argent avant que l'imposition ne les touche.
Le gouvernement chypriote a cependant été le premier sur le coup. Les clients des banques ont seulement eu la permission de percevoir le solde de leurs dépôts, moins le montant de la taxe. Entretemps, un blocage a été mis en place sur les transferts électroniques de fonds afin de stopper les virements vers l’étranger.
Toutefois, quasiment la moitié des dépositaires pourraient être des non-résidents russes, ce qui signifie que ces derniers, s’ils n’ont pas anticipé les événements récents, ont été pris dans la tourmente. Le ministre des finances chypriote Michael Sarris, qui a négocié ces mesures une 10ène d’heures la nuit du 15 mars à Bruxelles, n'est depuis pas très populaire parmi les investisseurs étrangers.
Cependant, on colporte l'idée que, sans sauvetage, Chypre serait certainement en situation de défaut, menaçant l’eurozone d’une nouvelle crise qu’il faudrait ajouter à celles qu’elle doit déjà gérer actuellement.
Ceci n’a pourtant pas apaisé les mécontents citoyens chypriotes. Dans la ville côtière de Larnaca, Andy Georgiou, 54 ans, témoignait au nom de tous sa "colère extrême". "J’ai travaillé de nombreuses années pour assembler cet argent et maintenant je risque de le perdre à cause des désirs des Hollandais et des Allemands." Il s'agit d'un Anglo-Chypriote qui est retourné sur l’île au milieu de l’année 2012 avec son capital.
Un retraité anonyme était un peu plus direct. "Ils appellent la Sicile l’île de la mafia. Ici, on n’est pas en Sicile, mais à Chypre. C’est du vol, purement et simplement" déclarait-il.
Vous allez certainement apprécier le ministre des finances néerlandais Jeroen Dijsselbloem, qui a affirmé que sans taxe, il aurait été impossible de sauver le secteur financier de Chypre. "Nous ne voulons pas pénaliser Chypre... nous agissons contre ses problèmes." a-t-il déclaré.
Il semble que voler les économies des retraités soit "une contribution à la stabilité financière de Chypre". Vous savez bien, tout cela est logique – et ils font ça depuis des lustres.
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Sur le web.
Traduction : Barem pour Contrepoints.