À mi-chemin entre procédés high-tech et mysticisme, une entreprise purifie la pluie de la ville de Mexico pour offrir une eau en bouteille « harmonisée » aux citadins. D’abord filtré à travers un gigantesque toit végétalisé, le précieux liquide est reminéralisé grâce à un passage à travers des pierres de rivière.
Une pureté exceptionnelle au cœur de la ville
L’initiative de l’entreprise Casa del Agua peut-elle constituer une réponse aux problèmes chroniques d’approvisionnement en eau que connaît la capitale mexicaine ? Pour son fondateur, Bosco Quinzaños, il s’agit avant tout de faire passer un message positif aux consommateurs, en offrant un produit d’une pureté exceptionnelle au cœur d’une des villes les plus polluées de la planète. « Bien sûr, le projet se devait d’être rentable, mais c’est beaucoup plus qu’un simple commerce », affirme le jeune investisseur.
Situé dans le quartier Colonia Roma, le laboratoire de Casa del Agua occupe un immeuble dont le toit a été transformé en un immense jardin, chargé de capter l’eau de pluie. Véritable jardin municipal, le site est ouvert au public et abrite aussi bien des plants de lavande et de romarin que des arbres fruitiers, où viennent butiner abeilles et papillons.
L’eau « absorbe les messages »
Lorsqu’il pleut, le jardin permet de capter jusqu’à 5000 litres d’eau par heure, qui sont acheminés vers deux réservoirs. L’infiltration de l’eau dans le sol permet l’élimination de nombreuses particules en suspension, qui restent piégées dans la terre.
L’eau recueillie passe ensuite dans une série de filtres, avant d’être distillée pour garantir une pureté maximale. Lors de ce processus, qui consiste à vaporiser l’eau puis à la condenser, le liquide perd cependant des composants essentiels : les minéraux.
Pour lui faire retrouver ses propriétés, l’eau est d’abord oxygénée puis ionisée grâce à de puissants aimants, avant d’être reminéralisée en circulant dans un réservoir rempli de pierres de rivière.
C’est à ce stade, qu’intervient « l’harmonisation » du liquide. Les mots amour, respect et gratitude ont en effet été gravés sur certaines pierres afin que « l’eau absorbe ces messages », avant de passer dans des sphères de cristal exposées en permanence à de la musique classique.
Le procédé s’appuie sur les théories du japonais Masaru Emoto, affirmant que l’eau soumise à un environnement positif est plus propice à donner naissance à de beaux cristaux de glace symétriques.
Un commerce lucratif
Ces travaux n’ont jamais été validés par la communauté scientifique, mais ils n’ont pas empêché leur auteur de vendre des millions de copies de son ouvrage, intitulé Water knows the answer.
« Pour nous, l’eau est vivante, elle s’imprègne de l’énergie qui l’entoure pour la transmettre ensuite à celui qui la boit », explique Bosco Quinzaños tandis que résonnent les notes de la Lettre à Élise de Beethoven dans le laboratoire.
Pour le conditionnement, pas question d’utiliser du plastique : l’eau est stockée uniquement dans des récipients en verre, décorées d’élégants motifs. Ces bouteilles sont consignées et représentent 75 % du prix de vente.
Chaque jour, Casa del Agua produit 300 bouteilles de 600 ml, vendues 40 pesos l’unité (un peu plus de deux euros), ou 10 pesos la recharge. Un tarif loin d’être accessible à toutes les bourses, dans un pays où le salaire journalier moyen ne dépasse pas 60 pesos. Le prix de l’harmonie ?
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