Fiche technique :
Avec Rupert Everett, Colin Firth, Michael Jenn, Robert Addie, Rupert Wainwright, Tristan Oliver, Cary Elwes et Frederick Alexander. Réalisé par Marek Kanievska. Scénario de Julian Mitchell. Directeur de la photographie : Peter Biziou. Compositeur : Michael Storey.
Durée : 90 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
L'avis de Jean Yves :
Amitiés particulières. Another Country est exclusivement un film de garçons. De beaux garçons, du meilleur style BCBG. Vous verrez apparaître seulement deux femmes dans ce long-métrage de l'anglo-polonais Marek Kanievska, et fort rapidement.
On nous emmène d'abord à Moscou, de nos jours, dans l'appartement très simple d'un vieil homosexuel anglais au faciès ratatiné : une journaliste américaine est venue lui demander pourquoi, dans les années 30, il a décidé de devenir un espion à la solde des Russes.
Retour en arrière : dans une des public school les plus huppées du pays. On pénètre dans un univers totalement clos, régi par un code particulier d'inspiration militariste, avec sa hiérarchie rigide réglée selon l'âge et la valeur des étudiants. Derrière cette façade où se manifestent le goût pour l'apparat et le formalisme, cette communauté d'enfants, d'adolescents et, déjà, de jeunes hommes de bonne famille se livre à une vie souterraine : c'est le domaine du cœur, du sexe et des passions.
Tout est permis pourvu qu'on ne laisse à personne la possibilité de vous confondre, de dévoiler officiellement, preuve à l'appui, vos turpitudes : c'est le risque de l'aventure, et il peut être grave, car la publicité d'une liaison homosexuelle dans le collège entraînera l'humiliation pour le malheureux imprudent. Revers hypocrite et perfide du clinquant solennel et de ses apparences, trompeuses bien sûr, de loyauté et d'honneur.
Le jeune Guy Bennett (Rupert Everett) fera les frais de ce système. Amoureux d'un beau blond qu'il parvient à séduire, mais trop peu discret et trop sûr de lui, il découvrira à la faveur d'une rivalité pour le poste le plus élevé de la hiérarchie étudiante dans le collège, le vrai visage de ses « amis ». Seul le séduisant Judd (Colin Firth), marxiste convaincu (mais hétéro à 100 %) se montrera loyal envers lui à l'heure du scandale. Deux marginalités se rejoignent face au consensus, sauf que Judd est toujours demeuré un marginal respecté de tous ; être communiste paraissait original mais pas infamant, contrairement à l'homosexualité, répandue mais méprisable dès qu'elle franchissait le seuil de la confidence. On comprend alors que Guy, écœuré par un système qui l'a trahi, trahira à son tour en faveur d'un idéal qu'il croyait meilleur pour l'homme.
Par-delà ce canevas, le film de Marek Kanievska est très riche en situations et en connotations qui restituent admirablement le cadre assez unique de ces institutions masculines prestigieuses de la grande Angleterre.
La mise en scène d'Another Country est à la hauteur du sujet et de la qualité des dialogues, la caméra saisissant intensément tous ces jeux de regards entre garçons et sachant restituer un climat chargé de sexualité.
L’avis de Gui :
Lorsque l'ancien espion britannique Guy Bennett est interviewé à l'automne de sa vie, il explique les motivations qui l'ont poussé à renier sa patrie pour s'exiler en U.R.S.S. Tout vient de l'éducation stricte et étouffante qu'il a reçue dans un lycée privé...
Rejoignant l'étroite catégorie de films dont Le Cercle Des Poètes Disparus et Le Club Des Empereurs sont les plus connus, pour son cadre de lycée british chic, Another Country met l'accent sur un sujet tabou qui n'a cessé d'ébranler les mentalités des têtes pensantes d'institutions à notoriété depuis la nuit des temps... à savoir : l'homosexualité. Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Julian Mitchell, Another Country se veut être une œuvre qui contribue à un certain nombre de prises de conscience. L'homosexualité existe et a toujours existé dans les milieux non mixtes.
Et aussi pédants, sérieux et passionnés par leur enseignement que soient les élèves, il leur arrive d'être attirés par des membres du même sexe, et d'en tomber fou amoureux. C'est donc avec autant de mise en scène et de longs dialogues métaphysiques (que dans une pièce de théâtre) que s'écoule la bobine, ne divulguant quasiment rien d'autre que ses trois acteurs principaux. Le résultat est effroyablement lent, ennuyeux, et ne doit sa réputation qu'à la présence en tête d'affiche de Rupert Everett (Dellamorte Dellamore) et Colin Firth (La Jeune fille à la perle) dans son tout premier rôle.
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