Merci François

Publié le 25 mars 2013 par Beniouioui


Plus personne ne peut décemment le nier, le mouvement est considérable. On lui prédisait pourtant une mort subite à longueur d'articles et de journaux télévisés; lundi, il était un rassemblement de boy-scouts; mardi, il devenait un camp d'entraînement de dangereux homophobes; mercredi, il se transformait en exutoire pour tous les laissés-pour-compte; jeudi, il redevenait un complot crypto-catholique; vendredi, il ne dépassait pas 100.000 personnes sottes; samedi, il se refroidirait en hiver; et dimanche, voyant que tout cette propagande était bonne, les médias avaient la merveilleuse idée de se reposer.

Le problème avec cet aveuglement volontaire est qu'il peut conduire à un étrange capharnaüm. Un président qui n'a plus prise avec la réalité concrète de ses concitoyens. Un gouvernement qui voit un mur mais est incapable de freiner. A l'image de la nouvelle égerie des français, nombreux sont ceux qui ont envie d'interpeller ceux qui, dans leurs magnifiques ministères, les méprisent : "un gouvernement qui n'est pas intéressé par l'opinion de ses concitoyens, non mais allô quoi. T'es ministre et t'entends pas les citoyens, non mais allô. Alloooô!"

Tout cette pagaille n'est pas agréable. Pagaille anthropologique, pagaille économique, pagaille diplomatique. Personne ne peut s'en réjouir. Et pourtant, j'ai envie d'offrir à François Hollande ce mot anachronique, gratuit et sincère : MERCI.

Merci de nous avoir permis de rassembler tous ces français. Merci de nous avoir offert d'accueillir nos amis de province. Merci de nous avoir, chrétiens, juifs ou musulmans, donné l'opportunité d'avoir un discours commun. Merci de nous avoir recentrés sur l'essentiel, l'humain, homme et femme.

Car c'est cela le sujet étonnant de toute cette mobilisation : l'homme. Hier personne ne manifestait pour des acquis sociaux, contre une fiscalité appauvrissante, pour défendre un avantage personnel. Certains ne le comprennent toujours pas et pensent que tout cela passera comme une lettre à la poste. Les gens se lasseront, nous disent-ils. Eh bien non. Les gens sont généreux. Les gens manifestent pour des valeurs qui n'accroissent pas leur niveau de vie; les gens mettent même de l'argent dans les petites corbeilles qui circulent entre les banderoles. Les gens sont prêts à aller dans la rue pour sauver ce qu'il y a de plus cher à leurs yeux, la famille. Et c'est d'ailleurs intéressant que la famille soit le seul sujet capable de fédérer autant de monde. Les gens...

Ces "gens" qu'on ne veut pas écouter se soucient plus de l'homme qu'on ne le pensait. Ils se soucient de sa nature anthropologique; ils se soucient de sa vocation intrinsèque; ils se soucient des plus pauvres, des plus petits; ils se soucient d'une économie qui s'éloigne de plus en plus de la réalité humaine; ils se soucient de la paix.

Benoit XVI rappelait lors de son message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix qu' " en chaque personne, le désir de paix est une aspiration essentielle qui coïncide, d'une certaine façon, avec le désir d'une vie humaine pleine, heureuse et accomplie. [...] La négation de ce qu'est la véritable nature de l'être humain, en ses dimensions essentielles, en sa capacité intrinsèque de connaître le vrai et le bien et, en définitive, Dieu lui-même, met en danger la construction de la paix." Dans le suite du message, il développera ce qui est le fondement logique de l'écologie humaine. La paix commence par les respect de l'être humain. Bioéthique, famille sont des préalables intérieurs à toute paix, des signes d'amour de l'homme. Puis cette paix intérieure ira rayonner au coeur de l'économie, au coeur de nos entreprises, redonnant sa dignité au travail humain. Enfin, elle se fera au niveau géopolitique.

Ecologie humaine, l'expression est lâchée. Elle a donné lieu très récemment au lancement d'un grand mouvement national par l'un des porte-parole de la Manif Pour Tous, Tugdual Derville, appuyé notamment par un économiste fin connaisseur de la Doctrine Sociale de l'Eglise Pierre-Yves Gomez. Derrière ce mouvement, il y a une belle idée, celle d'élargir le sujet mobilisateur du moment à tout homme et à tout l'homme. Replacer l'homme au coeur de la société. Humanité, liberté, responsabilité.

Merci donc François. Merci de nous avoir donné cette unique occasion de mettre en lumière qu'entre le diktat d'un état positiviste et le libéralisme aveugle, il y un feu de joie qui attendait qu'on souffle : l'être humain engendré merveilleux et libre, tout homme et tout l'homme.