(RCA Records)
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On avait quitté les Strokes il y a deux ans avec Angles, espèce de chant du cygne d’un groupe qui ne pouvait visiblement plus se blairer. Un album sorti de nulle part, 5 ans après le dernier et avec un solo de Julian Casablancas entre temps. En allant piocher dans les archives, on s’est rendu compte que l’on avait été super sympa avec ce disque retour du groupe prodige (un 8 sur 10 quand même!). Mais, dans un souci de transparence total, on va vous avouer que cet album, et bien on l’a plus réécouté depuis.. Angles était pas mauvais mais insignifiant, un jet bâclé par les cinq mecs. Surtout quand on sait que les gars n’ont pas travaillé ensemble pendant sa création, Casablancas restant sagement dans son studio pour bosser de son côté. La bonne ambiance.
Alors, très sincèrement, on pensait que ça en était terminé des Strokes et on était même pas triste, l’idée étant qu’il ne faut pas faire le disque de trop, celui qui te dégouterait même des deux premiers, les classiques intouchables.
Et bien non, à la surprise générale, le groupe est de retour pour livrer un cinquième album. Même que cette fois, ils ont bossé tous ensemble!
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Du coup, on ne fait pas les fines bouches et on prend sagement, tel un communiant qui reçoit son hostie. Au fond de nous, on espère même que les mecs vont repartir sur des bases rock et nous pondre un truc de fou furieux. Valait peut être mieux pas s’enflammer. Le premier single One Way Trigger va mettre tout de suite les points sur les i: le rock des débuts, c’est fini. Mais vraiment hein. Casa part dans les aigus comme un Mika, les synthés remplacent presque totalement les guitares et on s’approche plus de la synthpop des 80′s que de la nouvelle vague rock garage dont ils étaient les figures de proue. On ne dit pas que c’est à gerber, au contraire, le morceau fait son petit effet et en choix de single, c’est pas idiot du tout. Seulement, c’est déroutant et ça perd un peu en couilles, il faut bien l’avouer.
The Strokes – One Way Trigger
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Le sentiment général est très vite vu. Cet album est la suite logique -en mieux travaillée et préparée- d’Angles qui surfait déjà sur ces plates bandes-ci. Mais c’est surtout la suite du chemin emprunté/voulu par Julian Casablancas. On est plus proche de son (très bon) album solo Phrazes for the Young que d’un Is This It par exemple. Il suffit d’écouter des titres comme Tap Out, Welcome to Japan ou 80′s Comedown Machine pour comprendre l’emprise du gars sur ses petits copains. C’est désormais clair pour ceux qui en doutaient encore, The Strokes tient encore debout grâce au bon vouloir de son leader/chanteur.
On est loin de l’énergie folle dispensée sur les premiers disques, désormais on a affaire à un groupe de trentenaires à la papa qui n’a plus la force de faire les conneries que l’on fait à vingt piges.
Du coup on se retrouve à aller piocher dans l’émotion et la musique un peu trop lisse, un peu trop bien faite. C’est une qualité, c’est clair, mais nous, on préfère le bordel et même le brouillonnage de l’époque! On écoute sans ronchonner Slow Animals ou Partners in Crime mais on est pas là pour ça, qu’on se le dise.
Alors, heureusement, parfois, les mecs lâchent du mou et retournent vers leurs premiers amours. Et c’est sans surprise les meilleurs morceaux de l’album. Le deuxième single All The Time par exemple (qui avait un peu rassuré tout le monde), très bon titre renvoyant à ce que le groupe a fait de mieux par le passé. Pareil pour l’excellent 50 50, le meilleur morceau du cd qui devrait satisfaire tous les fans des Strokes et qui s’installe même immédiatement dans les musts du band. Cependant, ça reste trop peu pour contenter franchement ceux qui voulaient du gras.
The Strokes – All the Time
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The Strokes – 50 50
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Le plus fou dans l’histoire, c’est que l’on peut même pas se montrer déçu au final. Parce que l’album s’écoute avec plaisir et a un petit goût de « reviens-y ». C’est peut être ça le génie de ces mecs. Ils te frustrent en allant s’acoquiner vers d’autres horizons, te sèvrent de gros sons rock mais réussissent quand même à plus ou moins te combler avec un disque bon, qui tient solidement la route. Il n’y a pas de déchets visibles, tout les titres présents ont leur place dans le cheminement de pensées du groupe. Et lorsqu’ils s’aventurent sur des terres inconnues, ils parviennent même parfois à toucher au but directement. C’est le cas du magnifique morceau final Call It Fate Call It Karma.
The Strokes – Call It Fate Call It Karma
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Pour aller plus loin, il s’agit sans doute de leur projet le plus abouti et le plus réfléchi. Et pourtant on préfère, évidemment, la fraicheur et la folie de Is This It ?, et de loin. Mais il faut reconnaître le talent du groupe ou plutôt de Casablancas et de ses musiciens, on peut les appeler comme ça désormais.
Alors peut être que, à la manière d’Angles, on écoutera plus l’album d’ici un mois mais l’impression laissée pour le moment reste bonne. Pour ce qui est de sa durée de vie, on verra plus tard.
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Tracklist:
1.Tap Out 3:43
2.All The Time 3:01
3.One Way Trigger 4:02
4.Welcome to Japan 3:51
5.80's Comedown Machine 4:59
6.50 50 2:43
7.Slow Animals 4:21
8.Partners in Crime 3:37
9.Chances 3:22
10.Happy Ending 2:52
11.Call It Fate Call It Karma 3:27
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