Le long de la rivière Sangker, le climat est doux, de cette belle douceur de fin de journée, cette chaleur de fin de lumière du soleil, moment délicieux. Et puis Battambang, c’est calme. Pas de « tuk tuk sir ? », pas de pression, peu de circulation…
Lorsque quelque chose doit arriver, avec un peu d’habitude et beaucoup d’écoute, cela arrive. Et voilà.
Un tuk tuk s’arrête à ma hauteur. « Hey sir ! ». Je me dis tiens, lui il vient de Phnom Penh ou de Siem Reap, parce qu’ici, on ne fait pas comme çà ! Je dis poliment non de la main en souriant. Il insiste « Hey sir ! You speak English ? ». Laisse moi maintenant, me dis-je à l’intérieur. Je le regarde, je n’ai pas eu le temps de répondre.
Les écoles « internationales » poussent comme des petits pains au Cambodge. Ici au coeur de Battambang !
« OK, you speak english » me redit-il d’un air pressé mais aussi tellement en attente d’une réponse. Affirmatif, je parle anglais.
« OK, yes, good, sir. Can you help me ? ». Bien sûr que je peux l’aider, et la situation m’amuse. Je ne sais du tout où on va.
« OK, yes, sir, I am the director of a school english » (je suis directeur d’une école anglais). Vu l’état de ton anglais je me demande comment tu fais.
« Sir, can you help me ? » Si c’est pour de l’argent, tu n’es pas en face de la bonne personne.
« Yes, sir, no money for me, I don’t want money, but, advice ». (pas d’argent pour moi, mais conseil). Je ne comprends pas encore tout à fait, mais vas-y, poursuis.
« Yes, sir, me good english, good teacher, but I have question ». (moi bon anglais, bon professeur, mais j’ai question). Oui, c’est celllla, oui.
« Yes, sir, yes, my question is, when use « shall » et when use « will » ? » (la question est quand utiliser « shall » et quand utiliser « will »). Ce sont deux formes du futur. Alors là… si je m’attendais à ça, en plein Battambang, à 5 heures du soir sur le quai de la rivière Sangker… Et je me suis trouvé assez bête de ne pas savoir lui répondre. J’ai toujours été nul en grammaire et j’ai appris l’anglais sur le tas. Alors je lui ai dit. Il a souri.
« OK sir, you give me answer ? (donner réponse ?). Oui, bien sûr, je vais te la donner, mais pas maintenant, parce que là, je coince.
« OK, sir, yes, good, me happy » (OK, monsieur, oui, bien, moi heureux). Je pensais qu’il allait repartir mais m’a tendu un papier.
« Please, sir, write email me ». (S’il vous plait, monsieur, écrire email pour moi). Ca non, je ne donne pas mon email à tout le monde. Par contre j’ai écrit le sien, en essayant de ne pas me tromper dans la compréhension des lettres, car il a mis un moment à m’épeler.
Je ne vous donnerai pas la réponse à cette épineuse question, mais je lui ai envoyé le mail le soir même. Sa réponse était digne d’un anglais natif : « Tank you sir, you help me a lot. Child of the class will be hapy ». (merci monsieur, vous m’aidez beaucoup. Les enfants de la classe vont être contents).
On ne se refait pas…