Anthony Poncier
Associé et «social business director» EMEA - Publicis Consultants Net Intelligenz
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Pendant longtemps les DSI ont géré les dossiers liés au digital. Mais avec l'avènement du SaaS, beaucoup de métiers ont mis en place notamment des réseaux sociaux d'entreprises hébergés chez l'éditeur.
Une DSI désavouée ?
En partie désavoués dans leurs choix (même si certaines DSI ont compris qu’elles devaient faire évoluer leur rôle vers plus de stratégique et d’ouverture), beaucoup de directions des systèmes d'information restent accrochées à leurs vieilles approches projet. Et c’est sans parler de celles qui souhaitent développer leurs propres outils ou n’être qu’en lien avec un éditeur partenaire. Au final, de plus en plus souventc’estla direction de la communication, accompagnée des métiers et parfois de la DRH, qui prenden main ce type de projets digitaux limitant - au mieux - la DSI à un rôle d’accompagnateursur le choix de l’outil. Ce schéma, pour caricatural qu’il soit, a largement contribué à faire la démonstration que ces questions n’étaient pas un problème d’outils, mais bien d’usage et de réponses à des besoins métiers. D’ailleurs une part non négligeable des projets relatifs à des questions IT et les budgets qui y sont liés, sont portés dorénavant par la communication et le marketing.
Quand Gartner annonce que 80% des projets collaboratifs vont "planter" à cause d’une vision outil, on se dit que peut-être certains enjeux n’ont pas été correctement abordés, notamment l’adhésion des utilisateurs finaux.
S'il ne s’agit pas de faire porter un chapeau trop large à la seule DSI, la question de leadership se posant aussi, force est de constater qu’un déploiement réussi de projet collaboratif est trop souvent anecdotique : la vision outil ayant primé sur le reste.
La montée en puissance des digital workplace
Peu importe, le nouveau projet à la mode est la digital workplace, incluant RSE, communication unifiée… Pour reprendre la définition de Jane Mc Connel : "Un écosystème de plateformes d’entreprise et de services qui permettent de travailler, collaborer, communiquer, développer des services et produits afin de mieux servir le client final". Tout est dans "écosystème de plateforme d’entreprise et de service". C’est le grand retour de la DSI, qui doit brancher tout cela avec le SI existant, et qui, malheureusement, transforme le tout en grand portail de services de type "année 2000" ou en intranet à tout faire.
Et nous voilà repartis dans un long "effet tunnel" de plusieurs mois, avec des spécifications techniques à ne plus savoir quoi en faire. On repart à zéro. On fait table rase du passé. Oubliés les échecs liés à ce type d’approche ! Les temps de déploiements d’outils collaboratif sont multipliés et qu’importe que l’utilisateur final soit quelque part perdu dans les limbes du projet.
Comprendre que la réussite ne passe pas, par la multiplicité des fonctionnalités et des branchements, semble avoir été oubliée avec l’apparition de ce nouvel espace digital. Mais comme à toute chose malheur est bon, on assiste à un retour en force de la DSI et à une expertise dont elle est à la seule à pouvoir se prévaloir.
C’est la revanche de la DSI qui a du mal à reprendre la main sur les projets de RSE… Question : même méthode et même échec en perspective ?