Blood & Chrome

Battlestar Galactica  : Blood & Chrome
Synopsis : Se déroulant lors de la dizième année de la guerre Cylon, l'histoire suit William Adama un jeune pilote répondant au surnom de "Husker". Adama, jeune recrue de l'Académie est assigné au tout nouveau battlestar de la flotte coloniale : Le Galactica.
   Avant de commencer, il est bon de préciser que Blood and Chrome est une préquelle de la série ré-imaginée Battlestar Galactica et une suite à Caprica, premier spin-off de la franchise qui mettait en scène l'origine des Cylons. Car il m'est difficile d'imaginer regarder Blood and Chrome sans avoir au préalable regardé au moins la série mère. Mais avant d'aller plus loin, revenons sur la genèse de ce nouveau spin-off.   Nous avons entendu parler de Blood and Chrome alors que Caprica battait déjà méchamment de l'aile. Des audiences décevantes et une difficulté à toucher le public en dehors de la communauté de Battlestar Galactica ont provoqué l'arrêt prématuré (et à mes yeux catastrophique) de Caprica. Michael Taylor et David Eick qui avaient déjà œuvré sur la série mère décident alors de relancer la franchise avec ce qui promettait alors d'être une série plus dans le ton de Battlestar Galactica avec les batailles spatiales, l'urgence des situations et les intrigues sombres qui plaisaient tellement.   Malheureusement, il faut bien l'avouer, Blood and Chrome n'est pas réellement à la hauteur, et ce qui est encore plus triste et que ce n'est pas forcément la faute de ses créateurs. L'échec de Caprica ayant fait tourner la série au ralenti, c'est deux ans après que l'on découvre le nouveau spin-off en tant que websérie de dix épisodes. Adieu donc l'idée de voir débarquer une nouvelle série de science-fiction à la télévision - décidément ce n'est pas un genre qui fonctionne et avec lequel les chaines sont prêtes à prendre des risques (non je ne pense ni à Firefly, ni à Farscape).   Le potentiel était pourtant énorme. Une série militaire de science-fiction avec des robots tueurs, des flottes de vaisseaux spatiaux et des planètes dévastées par la guerre ? Dit comme cela, ça n'a rien de bien différent de Battlestar Galactica, et pourtant, Blood and Chrome ne séduit pas Syfy (la chaine qui a détruit la science-fiction à la télévision, ironique non ?). La websérie, c'est bien, mais on a un peu l'impression que c'est pour faire quelque chose du projet sans vraiment en faire quoi que ce soit.
   Et pourtant, disons le clairement, Blood and Chrome est une tuerie. Dix épisodes de pur bonheur. Un casting de qualité, des effets spéciaux qui dépassent la série mère et une multitude de clin d’œil et liens avec les deux autres séries.   Ce qui était vraiment intéressant, c'était d'explorer la jeunesse de William Adama (période qu'on avait déjà aperçu durant les webisodes Battlestar Galactica: Razor Flashbacks diffusés pour promouvoir le téléfilm Razor) pendant la première guerre contre les Cylons. C'est une période de l'histoire qui est souvent rappelée dans Battlestar Galactica et qui regorge de points d'intrigue intéressants. Ici on retrouve William tout juste sortit de l'académie et qui bercé d'illusions espère monter à bord d'un Viper pour buter du toaster. Malheureusement pour lui il se retrouve à bord d'un Raptor avec un co-équipier antipathique et une passagère bien mystérieuse.   Le choix de l'acteur m'a beaucoup perturbé dès le début. Luke Pasqualino est très jeune et j'avais trouvé Nico Cortez parfait dans les Razor Flashbacks. Passé la déception, il faut avouer que le gamin joue bien et incarne un Adama fougueux et brillant.
   L'intrigue de la websérie est un peu légère mais suffit à contenter le fan qui sommeille en moi, car je suis déjà content d'avoir un peu de Battlestar Galactica à me mettre sous la dent. On nous offre tout de même plusieurs batailles spatiales, la visite d'une planète hostile, de nouveaux modèles de Cylons et des hybrides. Saupoudrez le tout de sexe et de trahison et vous avez une recette qui prend.   Ce qui est clairement dommage c'est que la série n'a pas le temps de se développer d’avantage alors qu'elle le mérite clairement et qu'elle en a besoin. On ne peu décemment espérer avoir quelque chose de solide avec dix épisodes de douze minutes. Je trouve que le twist final est un peu trop vite expédié et j'aurais aimé avoir d'avantage d'explications concernant la trahison du Docteur Kelly. Y-a-t-il un lien direct avec les Soldiers of the One de Caprica ?
     Visuellement, la série est originale dans le sens où la totalité des décors de Battlestar Galactica ont été démontés et vendus lorsque la série s'est terminée. Avant cela, chaque élément a été scanné et pris en photo de façon à pouvoir être reconstruit virtuellement pour une utilisation future. Blood and Chrome utilise donc un mélange de prises de vues réelles et une quantité énorme de CG. C'est souvent très bien fait, surtout dans le Galactica et à bord des différents vaisseaux. Petit bémol pour les plans en extérieur, notamment sur la planète glacée, où on sent le détourage du fond vert, dommage.     Cette omniprésence d'effets spéciaux donne du coup beaucoup plus de vie aux environnement intérieurs. Là où il fallait remplir de figurants et de matériel dans Battlestar Galactica, ici on balance une multitude de détails sans vraiment que cela coute plus cher. On ressent d'avantage le côté "guerre" et la machine bien huilée qu'est le Galactica - qu'on voyait en piteux état dès le début de l'autre série. Cela nous donne d'ailleurs l'occasion de voir la flotte coloniale dans toute sa splendeur.
   Du côté du casting, énormément de visages connus, à mon grand étonnement. La plupart des personnages sont incarnés par des acteurs ayant déjà joué dans les deux autres séries. Ce n'est pas quelque chose de nouveau, Luciana Carro avait déjà incarné un personnage secondaire dans Battlestar Galactica et Caprica. Ici on retrouve John Pyper-Ferguson, Brian Markinson, Mike Dopud, Jill Teed, Ty Olsson ou encore Tricia Helfer. C'est assez perturbant de voir des visages aussi familiers dans de nouveaux rôles de la même franchise. Il n'y a bien évidement aucun lien entre les différents personnages qu'incarnent les acteurs (à part peut être pour Tricia Helfer) donc pas vraiment de problème de chronologie ni de filiation. Après tout, pourquoi ne pas garder les éléments qui ont fait le succès de la série mère ? Cela peut comprendre les acteurs, non ?
     Pour résumer, Blood and Chrome est un très bon projet qui a malheureusement été saboté par des gens trop obsédés par les chiffres pour prendre un risque. Cette websérie aurait mérité de devenir une série hebdomadaire comme ses grandes sœurs et non pas d'être propulsée sur internet avec seulement dix petits épisodes. Les ingrédients pour faire une bonne série étaient pourtant au rendez-vous, avec un casting de qualité et un visuel travaillé. Ainsi s'achève la franchise Battlestar Galactica - jusqu'au film remake de Bryan Singer dans les années à venir, même s'il sera impossible de remplacer la série de 2004 dans mon cœur. Je vous laisse donc avec une belle quantité de screenshots de Blood and Chrome et je pense que je vais aller me relancer le téléfilm pilote.