Résumé : Le père de Xiong Mao, parrain des triades, confie sa fille aux bonnes mains d’Aïnhoa Saotome, experte dans l’art martial du flamendo. Après plusieurs années d’entrainement, la jeune fille échoue à un examen devant le conseil des maîtresses de la discipline, provoquant un repli sur elle et une perte de confiance.
Quelle surprise de tomber sur cette bande-dessinée en errant dans ma nouvelle librairie. J'ai tout de suite été attiré par cette silhouette que je connais bien, celle de Xiong Mao, héroïne du Freaks' Squeele de Florent Maudoux, que l'on a pu apercevoir également dans le premier volume de Doggybags.
Mais ce qui surprend le plus, ce n'est pas que Rouge est un spin-off de Freaks' Squeele mettant en scène la jeunesse de Xiong Mao (même si la différence d'âge n'est pas spécialement évidente, si ce n'est grâce à l'établissement scolaire), c'est que ce coup-ci, Maudoux laisse sa place au dessin à Sihachakr Sourya, un dessinateur qui m'est tout à fait inconnu, et pour cause, c'est son premier album. Comme vous pouvez donc l'imaginer, la principale différence, c'est le dessin.
Car au final, l'histoire, c'est du simili de Freaks', avec le même univers, le même humour et au final, des personnages que l'on connait bien. Même les personnages secondaires ne sont pas sans rappeler des têtes connues de l’œuvre originelle. Ce qui pêche un peu, c'est le manque de contenu. Le principe d'explorer le passé de Xiong Mao est une bonne idée, mais il faut avouer qu'il ne se passe pas grand chose dans cet album. J'ai un peu l'impression que Maudoux, avec Rouge, s'est sentit trop confiant et n'a pas pris la peine de donner du volume à son histoire, comme il a pu le faire avec sa série principale.
Et c'est dommage car il y a de la matière et quelques pistes lancées, principalement avec la mafia et les animaux totems, élément que l'on connait déjà un peu avec Freaks'. On passe ainsi beaucoup de temps a suivre les péripéties de Xiong Mao à l'école, avec les éternelles blagues qui ont fait le succès de Freaks', mais ça sent un peu le réchauffé, soyons honnêtes.
L'originalité vient peut être du dessin. Le choix de Maudoux de laisser le crayon a un autre est peut être signe qu'il ne délaisse pas pour autant sa première histoire et qu'on peut espérer voir un volume 6 débarquer dans pas trop trop longtemps. Sihachakr Sourya, le dessinateur de Rouge est donc un inconnu. Son dessin, très différent de celui de Maudoux, se marie étrangement bien avec l'histoire de Xiong Mao, pleine de faiblesses, de doutes et de questionnements. Même si on sent que le dessinateur est très inspiré de l'univers manga (on remarquera la similitude de certains personnages secondaires avec des figures iconiques du manga des années 80-90), on ne retrouve pas forcément la force du trait japonais. Ici, le dessin est rond, un peu mou, voire des fois un peu simpliste. C'est déstabilisant au premier abord mais une fois dedans, on ne s'en rend plus compte (ou presque) et on tourne les pages à une bonne cadence. La mise en couleur est un peu décevante, même si certains passages, principalement ceux où il y a des combats, sont un peu plus intéressants. Ailleurs, on se retrouve souvent avec des aplats de couleur surmontés d'un gros grain très graphique mais un peu lassant. Et globalement, cela manque de contraste. Pour un livre qui s'appelle "Rouge", j'avais espéré trouver un peu plus de couleur, d'énergie. C'est raté.
En conclusion, une drôle d'expérience que ce spin-off de Freaks' Squeele. A mes yeux pas à la hauteur de la série mère, Rouge possède néanmoins quelques attraits esthétiques, même si mon intérêt pour cette lecture s'est d'avantage située autour de l'histoire de Xiong Mao, là aussi un peu décevante car pas très rythmée. J'espère que la suite se révélera un peu plus dynamique et peut être que l'auteur et le dessinateur décideront de prendre quelques risques au lieu de donner à peine un peu moins bien que ce qu'on pourrait attendre d'eux.