Le film de Brigitte Chevet tient moins du film militant que du film citoyen. En ces temps de crise, tant économique qu’écologique, ce film apporte aux citoyens français un éclairage troublant ou conforme à leurs inquiétudes : le prix de notre énergie intègre-t-il véritablement tous les coûts y compris ceux de la maintenance et de l’inévitable déconstruction de ces centrales nucléaires ?
Notre programme national de production d’énergie électrique basée sur l’énergie atomique, depuis longtemps apprécié pour ses performances et son prix, n’est pas directement mis en cause dans ce film qui retrace l’histoire d’une des premières centrales nucléaires françaises, la centrale de Brennilis (un seul réacteur expérimental) située dans le Finistère, en Bretagne. Cette centrale a fonctionné pendant plus de 20 années. Elle est depuis longtemps à l’arrêt et devait être la vitrine du savoir-faire de la France dans le démantèlement des centrales nucléaires. Le réacteur EL4 (technologie de refroidissement à l’eau lourde) a produit pendant ces deux décennies de fonctionnement des pollutions qui sont difficilement explicables. La déconstruction de la centrale risque de disséminer encore plus ces pollutions. Le chantier a fonctionné entre 2004 et 2008. Il a été révélé des dysfonctionnements qui ont conduit à son arrêt. Entretemps les coûts ont grossi. Quoiqu’il en soit la complexité d’un tel chantier (et Brennilis est un petit chantier, dans un environnement essentiellement rural et très isolé des landes Brasparts), et les risques pour les populations avoisinantes, l’incapacité des autorités à trouver des solutions pérenne de stockage pour les déchets (béton, ferraille, plastique, fluides...) font que les coûts de l’énergie nucléaire semble largement inadaptés puisqu’ils n’ont jamais pris en compte ces éléments encore largement inconnus.
Si aujourd’hui les français « se moquent » de l’énergie chère des allemands qui ont massivement investi dans les énergies vertes, je n’ose imaginer le retour de bâton pour nos générations futures.
Ce film d’enquête, bien construit, apporte des éléments de réflexion indispensables. A conseiller et à diffuser... avant qu’il ne soit trop tard ?
Quoiqu’il en soit, le risque zéro n’existant pas, quelque soit le domaine (technologique, industriel, numérique ou militaire...) je crains qu’il ne soit trop tard ; et j’espère juste qu’il n’arrivera pas d’accident dans l’une des 53 centrales nucléaires françaises.
Un article sur Télérama de Samuel Gontier, la présentation sur Film.documentaire.fr, le site de la réalisatrice Brigitte Chevet.
Brennilis – La centrale qui ne voulait pas s’éteindre
Brigitte Chevet, Vivement lundi ! France 3 Ouest. 4/3 Couleurs, 52 minutes. 2008