Concert de Manos de Topo à Barcelone

Publié le 25 mars 2013 par Cardigan @onlyapartmentsF

Dans la biographie du quatuor barcelonais de pop-rock Manos de Topo, qui se produira en concert dans l’emblématique Salle Apolo (2) de Poble Sec le vendredi 29 mars, se trouve un bon nombre de caractéristiques archétypes des groupes du circuit indépendant.

Pour commencer, il s’agit d’un groupe fondé à l’origine par deux étudiants de cinéma qui, dans l’esprit autodidacte DIY (Do It Yourself) qui depuis le pré-punk a stimulé de nombreux groupes parmi les plus essentiels de ces dernières décennies, voulut faire allusion à son manque d’adresse et d’habileté musicales directement à travers de son nom « Mains de taupes », comme une façon de se débarrasser de quelques types de complexes d’insuffisance que ce soit en assumant ce trait comme un signe d’identité différentiel proche de l’humour et de l’ironie.

Et en effet, l’humour et l’ironie sont deux caractéristiques propres au groupe Manos de Topo. Toutes deux se retrouvent dans leurs chansons en apparence romantiques, parodiant le genre commun à la plupart des groupes cultes qui se distinguent de la scène du pop-rock indépendant espagnol, et plus particulièrement catalan, et qui se retrouve dans un large spectre qui, passant par Love of Lesbian, pourrait englober différentes nuances allant d‘Astrud à The New Raemon, groupe qui précisément s’occupa de la production du dernier album en date de Manos de Topo Escapar con el anticiclón,.

D’un autre côté, sa très particulière déconstruction parodique de la chanson romantique à travers une musique qui rappelle d’une certaine façon quelques-uns des groupes les plus représentatifs des années 80, et des paroles inspirées d’histoire d’échecs amoureux offertes à l’auditeur et/ou spectateur dans un chant volontairement faux et avec une voix larmoyante sous l’effet d’une émotion théâtralement exagérée, fut découverte au travers de Myspace. Le groupe attira depuis cet espace l’attention de différentes maisons de disques indépendantes et de la critique spécialisée, qui finit par inclure leur premier album, Ortopedias Bonitas, parmi les meilleurs disques espagnols de la première décennie du XXIème siècle.

Depuis quelque temps, certaines de leurs chansons, dont La chica tripolar, El cartero ou Otra llamada sont devenues de véritables objets de culte auprès d’un nombre toujours croissant de fans. Toutes naquirent de la détermination de rire d’eux-mêmes et de leurs déjà légendaires  et certainement fictifs échecs amoureux, utilisant la chanson parodique pour maintenir l’amertume et le désespoir à une distance respectable. Leur style marque une sensible différence par rapport au « pathos » de Germán Copini du groupe Golpes Bajos, avec qui la voix de Miguel Ángel Blanca a pourtant fréquemment été comparée et bien que celui-ci  ait affirmé n’avoir jamais entendu Copini jusqu’à il y a peu.  

Paul Oilzum