Rappel : cette
anthologie spécial Yves di Manno est publiée en rapport avec l’entretien en
trois parties menés avec le poète par Matthieu Gosztola.
Entretiens 1,
2,
3
anthologie 1
murmirage (« Coloured plates », Partitions, champs dévastés)
[2/3]
l’enfant saisit
une poignée d’olives
et un
pot
de
moutarde
il n’a
pas froid et ne regrette
que
la monotonie
des rues
dans la ville semblable
à elle-même où
je t’attends et tu
apparaissais
(une main
un regard
auraient suffi)
ta main
ton regard auraient suffi
mais aujourd’hui tu as
tout oublié les chiffres
et l’alphabet
tu cherches
à épeler un mot mais ne
sais plus
lequel
les pendules
tournent autour
de toi
toute la nuit
s’efface
et t’appartient toute
la nuit au fond
de toi s’efface
et t’appartient le jour
où tu
naquis la nuit
te fut
donnée
et tu parles depuis
en voulant l’ignorer
tu marches sur
le boulevard
mais la caserne
le portique les gardes
ont disparu
tu déchiffres
des noms
sur des boîtes
aux lettres interrogeant celui
qui n’a pas
changé d’adresse ni vendu
son prochain
un seul est près de toi
qui parle
. . .
un seul
est près
de toi qui parles
moi je revois
l’enfant je puis décrire
ses gestes
il pose
son crayon
et referme
son livre monte sur
une estrade
prend une
craie et
trace
un
cercle
on l’interpelle il mange
de la neige
il déchire
ses dra
ps
et jette ses jouets
par la fenêtre
il court
et danse
et se
rappelle
parlant
dans son
sommeil
chantant
dans la
ruelle
creusant
un trou où il enterre
un chat
et les puits
et les grandes
fontaines !
il paraît qu’il
est l’heure et que quelqu’un
l’appelle