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Un pour-cent et demi

Publié le 25 mars 2013 par Toulouseweb
Un pour-cent et demiLa Défense française au bord de la crise de nerf.
Quelles seront les réductions dont souffrira le budget de la Défense ? Des informations contradictoires circulent dans la mesure oů on sait tout au plus, pour l’instant, que des hypothčses de travail contradictoires circulent. Soit qu’elles proviennent de l’entourage du ministčre des Finances, soit d’autres responsables réputés plus souples ou …plus réalistes. D’oů des chiffres hypothétiques qui permettent tout au plus de situer l’importance des problčmes posés, la fourchette budgétaire annuelle oscillant entre 28 et 32 milliards d’euros.
La zone de turbulences que vient de traverser le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avec le départ précipité de Jérôme Cahuzac (Economie, Finances et Commerce extérieur, chargé du Budget) ne changera rien ŕ la difficulté née d’indispensables arbitrages mais, dans le męme temps, le nouveau Livre Blanc sur la défense se fait attendre, tout comme la loi de programmation militaire 2014/2019 risque de prendre davantage de retard.
Cette situation d’attente est source de grande nervosité. D’autant plus que le débat n’a rien de public, le goűt du secret ayant une fois de plus repris ses droits. Et cela pas exclusivement du côté des politiques. Ainsi, les industriels de la Défense cachent soigneusement leurs inquiétudes, en public tout au moins, et rien ne perce sur les démarches qu’ils ont évidemment entreprises, dans la coulisse, pour expliquer l’importance des risques que feraient naître des coupes claires budgétaires.
Le contraste, soit dit en passant, est considérable avec la situation américaine, dans le contexte de ce qu’il est convenu d’appeler outre-Atlantique la séquestration. Les prises de position se sont en effet multipliées ŕ Washington et on ne compte plus les interventions musclées de Marion Blakey au nom de l’Aerospace Industries Association of America. Des avertissements tonitruants, dont les échos politiques sont importants, grâce ŕ de nombreux relais.
Rien de tel en France et on doit le regretter, d’autant que le débat tenu derričre des portes capitonnées ne devrait pas ętre ramené ŕ une simple affaire comptable. C’est en effet du rôle, de l’avenir, de l’influence de la nation dans le monde qui est en jeu, d’autant que certaines voix se risquent ŕ s’interroger sur l’intéręt de maintenir en état la dissuasion nucléaire. Laquelle coűte moins de trois milliards et demi d’euro par an, le prix d’un statut de grande nation soucieuse de garder son rang et de défendre par la męme occasion une souveraineté pure et dure.
Puisqu’il s’agit aussi de comptabilité, il est trop peu dit, ces jours-ci, que le budget militaire français, au terme d’une inexorable érosion, est tombé ŕ 1,56% du PNB alors qu’il n’aurait jamais dű descendre ŕ moins de 2%. Ceux qui disent le plus sérieusement du monde qu’il devrait ętre possible de se contenter de 1,1% sont tout simplement irresponsables. On a d’ailleurs entendu d’autres suggestions qui font froid dans le dos, ŕ commencer par l’hypothčse, entre autres, de l’abandon de la commande d’A400M. Les irresponsables qu’une telle idée a traversés ne lisent pas les journaux, n’ont jamais entendu parler de l’intervention française au Mali et encore moins des missions humanitaires que mčne réguličrement l’armée de l’Air.
D’autres se demandent s’il ne faudrait pas diminuer les commandes de Rafale. Et de suggérer que France et Royaume-Uni, quand les circonstances risqueraient de l’exiger, mettent en commun 200 Eurofighter et 200 Rafale, ce qui donnerait une redoutable force de frappe. A la nuance prčs que l’Europe de la Défense est un mythe : les bonnes idées n’ont jamais fait défaut, les échecs encore moins.
La réalité fait mal ŕ entendre : la Défense mériterait tout simplement beaucoup mieux. Elle devrait ętre replacée dans son juste contexte, politique au sens noble du terme, industriel dans la mesure oů elle est source d’emplois de haut niveau et d’efforts soutenus en matičre de recherche et développement. Cela, on l’entend décidément trop peu.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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