La rentabilité de la télésanté pour les patients atteints de maladies de longue durée reste encore à démontrer, selon cette étude britannique d’évaluation économique et pragmatique, publiée le 22 mars sur BMJ.com. Dans le cas des ALD, ajouter au traitement et aux soins standards un suivi par télésanté n’apporte pas de gain d’années de vie de qualité et reste à un coût bien au-delà du seuil de rentabilité fixé.
Envisagée comme complément de suivi et de traitement des patients atteints de maladies de longue durée, la télésanté ne semble pas apporter une amélioration de qualité de vie chez ces patients. La télésanté utilise différentes technologies pour contribuer à maintenir ou à développer l’autonomie de ces patients, à domicile, par exemple, en mesurant à la maison et en transmettant électroniquement à un professionnel de la santé, la pression artérielle ou la glycémie. La télémédecine réduit ainsi le besoin de visites régulières à l’hôpital et l’ensemble des coûts induits par les déplacements et ces consultations. Si le concept répond aux besoins croissants de suivi et de surveillance liés à un nombre croissant de patients atteints de maladies chroniques, peu d’études ont déjà évalué la rentabilité de solutions en télésanté et sa capacité à réduire les coûts de santé.
C’est ce qu’a entrepris cette équipe de chercheurs britanniques, comparativement aux soins habituels, en suivant 965 patients atteints d’une affection de longue durée (insuffisance cardiaque, BPCO ou diabète), sur une période de 12 mois. Cette analyse s’inscrit dans le cadre du programme Whole Systems Demonstrator Trial, l’une des études les plus importantes et les plus complètes jamais réalisées sur la télésanté et la télémédecine. 534 des 965 patients ont bénéficié de ce suivi par télésanté, 431 ont reçu les soins habituels. Les chercheurs ont pris en compte les coûts de santé et de protection sociale.
· Le coût par année de vie de qualité (QALY) – une mesure intégrant à la fois la quantité et la qualité de vie – de la télésanté, lorsqu’ajoutée en complément du traitement habituel s’élève à 100.000 euros environ.
· C’est un coût très au-delà du seuil de rentabilité de 40000 euroétabli ici par les Autorités sanitaires britanniques
· Globalement, la probabilité de rentabilité reste faible (11%).
· Même avec une réduction du coût des équipements et une augmentation de l’efficience des services de santé, la probabilité que la télésanté atteigne ce seuil de rentabilité n’atteint que 61%.
Les auteurs concluent, qu’actuellement, au Royaume-Uni, le gain d’années de vie de qualité QALY associé à la télésanté, ajoutée aux soins standards, reste globalement similaire à celui lié aux soins standards seuls. La télésanté ne semble pas être, à ce jour, un complément rentable du traitement.
Source: BMJ.comBMJ 2013;346:f1035 22 March 2013Cost effectiveness of telehealth for patients with long term conditions (Whole Systems Demonstrator telehealth questionnaire study): nested economic evaluation in a pragmatic, cluster randomised controlled trial(Vignette Philips, Visuel@AP-HP-Telegeria Centre analyse stratégique 5-12-2011 Dr P. Espinoza)
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