L'année dernière, le même jour, je changeais de dizaine et vivais très mal cette bascule. Santé laissant à désirer depuis mon AVC et malgré les apparences, demi boulot car invalidité partielle, célibat, pas d'enfant.
Aujourd'hui, j'ai donc 41 ans... De l'extérieur, j'ai du vivre une année formidable, puisque je suis allée aux Seychelles, à la Réunion, que j'ai lu plein de bouquins, que je suis allée 66 fois au ciné et que j'ai encore rencontré et interviewé de belles brochettes d'auteurs...
Mais de l'intérieur, cela donne autre chose, et c'est pour cela que je classe ce billet dans la catégorie " Aparté Santé'. Je n'ai pas consacré de billet à cette dernière depuis octobre 2010 et encore, à cette occasion là, c'était juste pour évoquer une simple crise d'appendicite...
Petit mémo pour celles et ceux qui ne suivraient pas ce blog depuis son début.
En janvier 2008, je fais un AVC soit disant sans séquelles. Certes je marche, je parle, j'ai mes bras... Sauf que je galère depuis, tant cérébralement que psychologiquement, et surtout, que j'erre dans un désert médical souvent plus destructeur que soignant, qui m'a même mené jusqu'en Belgique et à Bordeaux, alors qu'une partie de la solution se trouvait à 6 km de chez moi... Mais pour cela, il faudrait être informée et que le personnel sensé être compétent le soit aussi.
Bref, septembre 2012, je passe enfin des test neuropsychologiques d'une journée dans une clinique spécialisée dans le traitement du traumatisme, qu'il soit cérébral ou autre... Cette clinique, c'est la cours des miracles, où il y a bien plus de gens en fauteuils roulants que debouts. Le personnel y est d'une gentillesse et d'un professionnalisme qui m'épate.
Ces testes prouvent clairement une altération de ma mémoire immédiate, appelée aussi mémoire de travail, ainsi qu'un gros trouble de l'attention. D'où mes sensations douloureuses de paniques et de paralysie cérébrale. Le médecin spécialiste rééducationniste me confirme que 80% des victimes d'AVC souffrent d'une grande fatigabilité qui parfois se résorbe avec le temps, parfois jamais. Bref, cela aurait été bien que je le sache. Cet examen, si la médecine travaillait en liaison et en intelligence, j'aurais du le faire il y a 3 ans et demi... Cela aurait fait quelques économies pour tous, société comme mon porte monnaies, étant donné toutes les médecines parallèles que j'ai testé de ma poche... Sur le moment, c'est avec joie que je reçois ces résultats qui confirment mon ressenti ; "non, je ne suis pas folle", qui mettent des mots médicaux sur des sensations, des douleurs, des impressions. Il y a les larmes de joies et très vite les larmes de tristesse. Quel temps perdu ! Il y a tant de médecins qui m'ont renvoyés en me disant que j'avais beaucoup trop d'imagination en quelque sorte....
Ce trouble de l'attention et de la mémoire de travaille peut parfois se réparer. Voilà pourquoi, depuis octobre et ce au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire, me voici à suivre, deux fois par semaines, des séances d'orthophonie spécialisée....
Fin février, je lis une BD (Journal d'une bipolaire) (billet demain ou très bientôt), qui m'alerte sur mon état. C'est une BD instructive. Je me retrouve dans le personnage... Déjà, je m'en doutais et j'avais sollicité un RDV avec un autre psy spécialiste de la maladie. Il me le confirme et me diagnostique bipolaire de type II et plutôt mixte... Ce qui signifie que mes périodes maniaques (euphoriques) et depressives peuvent se superposer, comme s'espacer d'une heure, de 3 jours, de 3 semaines ou de 3 mois. Ceci explique cela, mon dynamisme manifeste et mes crises dépressives et d'angoisses très fortes et la fatigue de jongler entre les deux. La bipolarité ne se guérit pas, mais se traite. Donc là, on tente un nouveau traitement...
La bipolarité a souvent des orgines génétiques et "explose" suite à une rupture, une cassure, comme le fut mon AVC. Les AVC sont reconnus comme pouvant conduire à la bipolarité. L'inverse est vrai aussi d'ailleurs. Je pourrais me taire à ce sujet, mais je préfère parler, témoigner. Il y a trop de silence autour de tout cela. Et puis comme cela peut expliquer parfois mon comportement... euh... extrême...
Enfin le 14 mars dernier, réunion au travail à un horaire inhabituel. On pressentait, mais on espérait toujours... Nos patrons nous annoncent la fermeture de notre call center (sous traitant d'une grande enseigne de voyages) mais petite structure locale et familiale. Licenciement économique pour nous 10. La faute à qui ? A internet, aux clients qui réservent sur internet, à la maison mère qui a décidé de toute façon de se faire hara kiri depuis 5 ans... à la crise économique, au printemps arabe qui n'en finit pas, à la putain de compétitivité demandé quitte à oublier la qualité... Bref, notre unique client ne veut plus de nous après nous avoir pressés comme un citron, usés jusqu'à la moelle.... et dégoutés en partie de notre métier qui est pour nous tous une passion. Le voyage ! Donc d'ici à juin, d'un demi travail, je passe à plus de travail du tout. Je quitte un emploi que j'aimais et surtout, une équipe de travail qui était devenue une famille et qui m'acceptait en toutes connaissances de causes...
Vous comprendrez que dans ces conditions là, je n'ai pas trop envie que l'on me souhaite un bon anniversaire...