Notre force est infinie de Leymah GBOWEE avec Carol MITHERS

Par Lecturissime

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« Nous sommes fatiguées ! Nous sommes fatiguées de voir tuer nos enfants ! Nous sommes fatiguées d’être violées ! Femmes, réveillez-vous – Vous avez une voix à faire entendre dans le processus de paix ! »

L’auteur :

Née en 1972 à Monrovia (Libéria), Leymah Gbowee est la directrice exécutive du Women Peace and Security Network Africa, basé à Accra (Ghana). Elle a fondé le Women Peacebuilding Program/WestAFrican Network for Peacebuilding (WIPNET/WANET). Elle a aussi officié en tant que commissaire désigné pour la commission Truth et Reconciliation du Libéria. Son engagement a contribué à chasser le président Charles Taylor du pouvoir, après quatorze ans de guerre civile. Leymah Gbowee vit aujourd’hui au Ghana avec ses six enfants.

Carol Mithers http://carolmithers.com/Carol_Mithers/Biography.html

Présentation de l’éditeur :

Les images de ces femmes en blanc héroïques qui ont réussi à chasser Charles Taylor du Libéria ont fait le tour du monde. Parmi elles, Leymah Gbowee, le chef de file du mouvement. Un témoignage renversant, poignant et criant de sincérité sur son combat pour la paix et la démocratie au Libéria et en Afrique de l'Ouest, doublé d'un magnifique portrait de femme. Leymah Gbowee s'est vu remettre le Prix Nobel de la Paix en 2011.

Inspirant et bouleversant, le témoignage unique d'une femme dont le courage, la passion et l'exceptionnelle force de conviction ont fait renaître l'espoir dans un pays ravagé.
Leymah Gbowee n'a que dix-huit ans quand la guerre civile éclate au Liberia. Pendant quatorze ans, les troupes de Charles Taylor vont semer la terreur et la mort. Premières victimes, les enfants dont le dictateur fait des soldats, et les femmes harcelées, parfois violées par les miliciens.

Au prix d'une volonté inouïe, Leymah Gbowee va relever la tête. Avec dans le coeur une conviction inébranlable : qu'importe l'ethnie, qu'importe la religion, si elles se rassemblent, les femmes peuvent défier la violence des hommes.


D'innombrables sittings en terrifiantes confrontations avec les seigneurs de guerre, en passant par une grève du sexe aussi spectaculaire qu'efficace, Leymah Gbowee et son armée de femmes en blanc vont réussir l'impensable : pousser Charles Taylor à l'exil et ramener la paix au Liberia.


Leymah Gbowee a reçu le prix Nobel de la paix en 2011.

Mon avis :

Leymah Gbowee est une femme exceptionnelle qui s’est battue pour les femmes de son pays et les femmes du monde entier, ces femmes en souffrance qui subissent la guerre au plus profond de leur être. Elle se bat pour la paix a fondé et gère plusieurs associations de femmes

« Construire la paix ne signifie pas pour moi mettre fin aux combats en se dressant entre deux factions opposées mais soigner les blessures des victimes, leur rendre leur force, les faire redevenir ceux qu’ils ont été. C’est aider les bourreaux à redécouvrir leur humanité afin qu’ils soient à nouveau utiles à leur communauté. Construire la paix, c’est enseigner qu’on peut résoudre les conflits sans prendre les armes. C’est reconstruire les sociétés où on a utilisé des armes et les rendre meilleures. » (p. 129)

Les témoignages de ces femmes africaines sont durs, reflétant l’horreur quotidienne vécue par ces femmes victimes de viol, de violence, en raison de la guerre, mais aussi au sein de leur couple quelquefois. Pour Leymah Gbowee, aider ces femmes, les rassembler pour ne plus être seule fût une évidence, et le bienfait répandu n’a pas de prix à ses yeux ni au nôtre. Ce choix lui a demandé des sacrifices, dont le plus coûteux fût celui de ses enfants qu’elle a dû laisser sur le carreau pour courir aux quatre coins du pays du continent puis du monde pour faire valoir le droit des femmes africaines.

« Pourtant, si je devais tout recommencer, je ne suis pas certaine que je changerais quoi que ce soit. Je sais que mes enfants m’en veulent. (…) Si je me demande : « Aurais-je pu faire autrement ? » Ma réponse est : « Non. » Je ne vois toujours pas quel choix s’offrait à moi. » (p. 310)

Malheureusement, Leymah Gbowee a fait appel à une collaboratrice pour retracer son destin et j’ai trouvé la forme et le style choisi par Carol Mithers bien faibles par rapport au propos.

« Quand on passe si vite de l’innocence à un monde de peur, de douleur et de perte, c’est comme si la chair de votre cœur et de votre esprit avait été arrachée, lambeau par lambeau, telles de tranches de jambon. » (p. 70)

Quelle comparaison !!

Là où le récit pouvait être bien plus fort, bien mieux construit, Carol Mithers a choisi la sobriété, la froideur d’un témoignage classique.

De même sa profondeur reste superficielle, sa vie est racontée, mais le fonds reste évoqué de façon sporadique

Il fallait ce témoignage, mais il aurait mérité plus de qualités d'écriture...

"Grâce à des femmes comme elle, grâce à des femmes comme nous, je crois qu'en fin de compte la tyrannie ne triomphera pas, la bonté vaincra toujours le mal. (...°

Le travail est ardu. QUand l'immensité de ce qu'il reste à accomplir me décourage, je me tourne vers ces femmes qui luttent au jour le jour : elles ne baissent pas les bras et, pour elle, nous sommes un symbole d'espoir. Vous aussi, vous devez aller de l'avant. Vous n'avez pas la liberté de renoncer.

N'arrête pas ! me répète l'écho de la viellie Libérienne.

N'arrête jamais. N'arrête jamais.

Je lui réponds : je n'arrêterai jamais." (p. 344)

Premières phrases :

« Les histoires de guerre moderne se ressemblent souvent, non parce que les circonstances sont analogues, mais parce qu’elles sont racontées de la même manière. On cite les chefs qui prédisent en toute confiance la victoire. Les diplomates déclament des affirmations pompeuses. Les combattants, vantards, menaçants –toujours des hommes, qu’ils soient des soldats gouvernementaux ou des rebelles, qu’on les dépeigne comme des héros ou des bandits-, brandissent des trophées atroces et transforment leurs bouches en armes aussi dévastatrices que leurs kalachnikovs. »

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Directmatin 

Notre force est infinie, Leymah Gbowee, avec Carol Mithers, Traduit par Dominique LETELLIER, Belfond, octobre 2012, 352 p., 19 euros