Théo Mercier a installé au Lieu Unique ses collections personnelles : empilés, sélections d’os à mâcher et autres objets pour chiens (décidément les aliments pour chiens ont une place importante dans l'art contemporain : Michel Blazy en donnait à manger dans l'exposition Apparitions à Lille), éléments putrescibles et imputrescibles (sous le titre « Nous ne vieillirons pas ensemble »!), livres, tours Eiffel, colliers, tessons de bouteilles, pierres d’aquarium, crânes, briquets, plusieurs nuances de grès, mégots, pommes de terre… Il faut visiter cette exposition avec le descriptif à la main. En effet, les œuvres sont numérotées, et leur titre apparaît sur une liste recto verso. L’aller – retour de l’œuvre à la liste provoque un léger suspens qui incite au rire. L’artiste assemble aussi bien les mots que les objets, et sous le rire provoqué, il ne cesse de jouer avec les rituels d’ici ou d’ailleurs : rituel vaudou, mais aussi plante de concierge devenue cendrier. Il y a du sexe dans cette expo, mais c’est le plus souvent l’accumulation d’objets qu’on trouve dans le commerce (les mugs sexys, les briquets décorés de femmes nues). Il y a peut-être surtout le rire de la mort, et je me surprends à chanter ce couplet de Léo Ferré (ce nom sonne presque comme Théo Mercier) :
Pour tout cela et plus encor
Pour la solitude des rois
Le rire des têtes de morts
Le moyen de tourner la loi
Et qu´on ne me fasse point taire
Et que je chante pour ton bien
Dans ce monde où les muselières
Ne sont plus faites pour les chiens...
Thank you Satan !
L'exposition est visible jusqu'au 28 avril 2013.