Pourquoi je ne suis pas (plus) sartrien

Publié le 24 mars 2013 par Joseleroy

Demain cours de philosophie sur Jean Paul Sartre chez moi. Cours à 19h30

Etude de l'oeuvre de 1946 :

L'existentialisme est un humanisme.

J'ai été sartrien dans ma jeunesse (comme beaucoup); j'ai lu Sartre avec passion. L'Etre et le Néant est le premier livre de philosophie que j'ai acheté pour mes 15 ans.

Mais j'ai cessé d'être sartrien.

Voici un texte de beauvoir de 1946: Pour une morale de l'ambiguité

"Par son arrachement au monde, l'homme se rend présent au monde et se rend le monde présent. Je voudrais être le paysage que je contemple, je voudrais que ce ciel, cette eau calme se pensent en moi, que ce soit moi qu'ils expriment en chair et en os, et je demeure à distance ; mais aussi est-ce par cette distance que le ciel et l'eau existent en face de moi ; ma contemplation n'est un déchirement que parce qu'elle est aussi une joie. Je ne peux pas m'approprier le champ de neige sur lequel je glisse : il demeure étranger, interdit ; mais je me complais dans cet effort  même vers une possession impossible, je l’éprouve comme un triomphe, non comme une défaite. C'est dire que, dans sa vaine ten­tative pour être  Dieu, l'homme se fait exister comme homme, et s'il se satisfait de cette existence, il coïncide exactement avec soi. II  ne lui est pas permis d'exister sans tendre vers cet être qu'il ne sera jamais ; mais il lui est possible de vouloir cette tension même avec l'échec qu'elle comporte. Son être est manque d'être, mais il y a une manière d'être de ce manque qui est précisément l'existence." Simone de Beauvoir

Sartre et Beauvoir pensent l'homme comme néant, comme manque d'être. Ce néant m'empêche de coïncider avec le monde, car ce serait alors devenir une chose, un en-soi. Pourtant, ce que veut le néant de l'homme c'est devenir plein d'être, devenir Dieu, ce qui est impossible pour Sartre car la conscience est toujours négation du donné, arrachement de ce qui est; elle est animé par un désir d'être, un projet qui la lance toujours vers l'avenir, vers l'action.

Or, je sais maintenant que la contemplation dans laquelle le sujet devient objet, où la distance entre un observateur et un observé est abolie est possible. Je le sais par expérience. Le monde ne m'est pas étranger, et je suis dans ma véritable nature à la fois vide et plein. Le champ de neige est à moi car je suis le champ de neige, le ciel, et l'oiseau dans le ciel...Le néant sartrien n'est pas si loin de la vacuité bouddhiste...Ici et maintenant, sans effort, l'absolu est ouvert et la présence du monde est mon absence même.

josé le roy