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Sur ma trottinette, barbe au vent, je racontais comment je rentrais en contact avec mes contemporains, via et grâce à mon nouveau jouet. Qui, non content de me donner la banane, un shoot d'enfance, raccourcit singulièrement mes trajets. Et m'emplit de tendresse quand je la prête à des amis, quand ils retombent en enfance deux minutes, un soir sur un trottoir parisien.
"Faisons un tour de trottinette," dis-je à mon amie Amandine. Prolonger la douceur de l'apéro saucisson-Bourgogne par un bout de chemin, jusqu'à la station Gaîté, pour rejoindre son Saint-Ouen chéri. Cheveux au vent, Amandine fend la bise, alerte, s'amuse. "Tu freines en appuyant le pied sur le garde-boue arrière, pas ce pied, l'autre." "Attention à ta jupe !" Au terme de deux ou trois avertissements amusés, je vois la jupe de l'amie glisser puis tomber sur la trottinette, voleter gaiement en son sillage. Et l'amie qui roule rieuse. J'insiste : "Ta jupe, tu as perdu ta jupe !".
À l'angle de l'avenue du Maine et de la rue Froidevaux, nous rions, nous nous tordons, nous en pleurons de rire, tandis qu'elle tente en vain d'enfiler de nouveau sa jupe. "Tu vois, Lolo, j'ai un jupon en satin et la jupe fait main n'avait sûrement pas une bonne attache, sur le satin, ça glisse." C'est un irrépressible fou rire en pleine rue comme je n'en ai jamais vécu. Merci Amandine, merci ma trottinette, merci la vie.