BD - Editions La boite à bulles - 110 pages - 14 €
Parution en octobre 2010.
L'histoire : En 2001, il y a le 11 septembre... Tous les vols transatlantiques se retrouvent annulés et contraignent Camille à prolonger ses vacances à Montréal... avec son boy friend québécois.
De retour en France, la séparation, la mélancolie transforment le comportement de cette jeune étudiante dynamique et prometteuse... Ce sont les premiers pas dans la dépression... et dans l'errance médicale, jusqu'à ce qu'un diagnostique soit enfin posé quelques années plus tard : Camille est bipolaire... Ce qui affecte sa vie, son entourage, son avenir, tout en fait.
Cette BD est son témoignage.
Tentation : La blogo
Fournisseur : La bib'
Auteurs : Emilie (Camille) et Patrice (son père) Guillon
Dessins : Sébastien Samson
Mon humble avis : Une BD d'utilité publique, familiale, personnelle, individuelle...
Bipolaire... Le nouveau terme pour qualifier les maniaco-dépressifs. La bipolarité est une maladie qui résulte de dysfonctionnements au niveau du système nerveux central. C'est un trouble de l'humeur, une maladie neuropsychologique, considérée comme l'une des 10 maladies les plus invalidantes sur terre... Pour le profane, cela peut-être curieux car physiquement le malade est globalement en pleine forme. C'est une maladie invisible, difficile à vivre car souvent oubliée voire ignorée par l'entourage plus ou moins proche...
Cette BD devrait être dans les mains de nombreuses personnes. Car qui, dans sa famille, dans ses amis, dans ses collègues, n'a pas un être considéré comme "en souffrance psychique".
Je fais partie de ces gens, aussi cette BD m'a beaucoup touchée, même si je suis moins atteinte que Camille. Moi, je patauge dans la dépression depuis 5 ans : état anxio-dépressif majeur suite à un stress post traumatique, mon AVC. Je n'ai pas été diagnostiquée bipolaire, peut-être par ignorance médicale, peut-être parce que je ne le suis pas tout à fait. Mais à la lecture de cette BD, je me suis dit que je n'en suis pas loin.
Et cette maladie qui me pourrit une bonne partie de ma vie, dieu sait comme je la rejette, comme je lui laisse le moins de place possible, c'est tout juste si j'accepte sa réalité.
Je pense que "Journal d'une bipolaire" va être un pas pour moi, celui d'accepter plus le fait d'être malade et non coupable de mon état. Bon assez parlé de moi, quid réellement de l'album ?
Il frôle la perfection sur le sujet. Mon seul bémol irait aux dessins plutôt enfantins, qui représente Camille plus comme une jeune adolescente que comme une jeune femme. Peut-être sa coupe de cheveux, très courte, n'aide pas non plus à lui donner son âge et son sexe. S'ils n'étaient quelques formes au thorax, on prendrait souvent Camille pour un garçon. De plus, la maladie ne semble pas affecter Camille dans son allure physique. Certes, ces maladies ne se voient pas, mais les neuroleptiques diverses et variés ont tendance à faire prendre du poids. D'ailleurs, Camille s'en plaint à un moment alors que sa silhouette reste la même du début à la fin.
Cette BD est écrite à 4 mains, Camille (Emilie dans la vraie vie) et son père, sous forme de flash back. Tout y est, depuis les premières fatigues, les premières crises d'angoisses, les moments d'euphorie et d'achats compulsifs, la peur de tout et de tout le monde, la mécompréhension de l'entourage, l'impact de cette maladie sur l'entourage (ce qui est souvent négligé par les équipes soignantes), les tentatives de suicides, la douleur morale si forte qu'elle devient physique, les hospitalisations d'un institut à l'autre, les foyers, les fugues, l'errance médicale, les mauvais et les bons médecins, les petites victoires et les faux espoirs... et surtout, l'impuissance générale devant ce mal qui ronge Camille. De la bipolarité, on ne guérit pas, mais un équilibre médicamenteux peut permettre parfois de mener une vie plus normale.
Certains lecteurs n'ont pas trouvé Camille attachante et n'ont pas compris qu'elle puisse être épanouie en vacances et angoissée de plus belle à l'approche d'une entrée universitaire. J'envie ces lecteurs, qui n'ont sans doute jamais connus les affres des maladies neuropsychologiques.
Camille ne s'étend pas dans les explications de ses angoisses, ce qui peut paraître déstabilisant, voire incompréhensible. Il me semble
que ce soit normal... Ces angoisses ne reposant souvent sur rien de tangible, sur aucune logique, leur raison échappe souvent aux malades eux mêmes.
Enfin, cette BD est posfacée par un éminent docteur spécialisée dans la bipolarité et la dépression : le Docteur Christian Gay. Il
apporte une lumière adéquate sur cette maladie, avec des mots accessibles à tous.
Si vous lisez cette BD, vous ne pourrez plus dire : je ne savais pas. Et vous ferez un grand pas pour les personnes atteintes de cette maladie qui souffre elle même : la maladie du silence et de la honte dont on ne parle pas... et la maladie qui ne se voit pas.
L'avis de Théoma , de Canel , Joelle