Dans un esprit de continuité, Jim Flaherty, en présentant son budget jeudi, a poursuivi son climat d'affrontement avec l'est du Canada.
Avec une totale incompréhension de la réalité du Québec.
Les années 2012-2013-2014 marquent/marqueront au Québec le départ d'énormément de baby-boomers pour la retraite. Les fonds de solidarité des travailleurs sont de l'ordre de 800 milliards de dollars. Déjà en 2004 on annonçait que passé 2012, il y aurait beaucoup plus d'argent qui sortirait des fonds qu'il y en aurait qui serait investi. Simple question de démographie.
En s'attaquant au fond de solidarité de la FTQ, en abolissant le 15% de crédit d'impôt, les conservateurs torpillent l'idée même de vouloir y réinvestir un jour. Et les pauvres qui l'ont déjà fait, les plus jeunes surtout, sont menacés de ne jamais y toucher un jour. En tout cas pas avant une demie-éternité si les gens ne se précipitent plus pour y injecter de l'argent.
Le budget Flaherty est de toute évidence un budget électoraliste et clientéliste. Harper* a la chienne du nom Trudeau et on prépare déjà les prochaines élections voici quelques millions pour le secteur automobile de l'Ontario qui pourrait nous faire gagner. Québec? voteront jamais pour nous, why bother? Ils n'avaient qu'à voter pour nous. Ne nous leurrons pas, le poids du Québec au pays, surtout en raison de l'effacement du Bloc, est pratiquement inexistant en ce moment. Même chez les conservateurs eux-même, Christian Paradis? Maxime Bernier? Ce ne sont pas les lumières les plus brillantes de la guirlande canadienne...
Je ne suis pas prêt à parler "d'attaque frontale contre le Québec" comme l'a fait malhabilement Nicolas Marceau jeudi, mais le gouvernement Harper a définitivement une vision du travailleur toute soviétique.
Le budget promet à toutes les provinces 5000$ à condition que les employeurs mettent une somme équivalente sur les cours de formations spécialisées pour des jobs qui le sont tout autant. Cette juridiction provinciale, qui serait maintenant dictée par le Fédéral, se rapproche du communisme. Ce sont les provinces qui connaissent les besoins de leurs régions, pas le fonctionnaire de Flin-flon qui ne sait rien des besoins de St-Éloi, celui de Red Deer ne sait pas ce que Timmins aurait besoin pas plus que le gars d'Edmonton qui ne connait pas les urgences d'employabilité à Hansford.
Vous ne trouvez pas cette ingérence agaçante? Jim Flaherty a lui-même appelé deux banques avant de présenter son budget afin de leur exiger de baisser leur taux directeur.
Flaherty/les conservateurs gèrent la concurrence.
L'une des deux banques à coopéré, l'autre l'a légitimement snobbé. La première banque a depuis rechangé son taux directeur pour le ramener là où il était avant le coup de fil du ministre des finances.
Zêtes pas agacé par cette main sur VOTRE volant? Ce cuisinier dans VOTRE frigo?
Venir dicter les manières de faire ainsi vient écraser les plate bandes provinciales. Les "cours" de formation sont-ils le premier pas vers une infiltration future et totale des ministères de l'éducation de chaque province?
Après l'envahissement honteux qui a fait des agents d'assurance-emploi des chasseurs de ripoux, les conservateurs deviennent le monstre qu'on a toujours craint.
Au niveau international, ce gouvernement a BEAUCOUP terni la réputation canadiennes et avec l'annonce du fusionnement entre l'ACDI et le ministère des affaires étrangères (conjoint avec l'Angleterre rappelons-le) ça n'augure pas nécessairement mieux...
Le budget de Flaherty est en gros un pari sur la reprise du marché financier mondial. Un pari loin d'être gagné. Surtout si il faut appeler le marché de temps à autre pour le redigirer à son gré.
Aux prochaines élections faudra pas voter pour le pouvoir, pas pour la banquette arrière.
Sinon faudra accepter d'avaler les croquettes de l'Ouest au simili-poulet comme le fût ce budget.
*...et l'Ouest du pays