Quittons-nous sur une note féminine. Ici, Camille Claudel en « Danaïde » (vue par… Rodin, bien sûr.)
Depuis quelques jours c’est le printemps. Je veux bien, admettons, mais alors, c’est le printemps ailleurs. Ailleurs, un monde ailleurs, pour paraphraser froidement Shakespeare dont j’envierais presque l’exil de son Coriolan. Un monde ailleurs, où ce serait le printemps, donc. Mesdames, Messieurs, il paraît que c’est le Printemps des Poètes, je vous quitte alors en bonne compagnie.
Je m’apprêtais à vous faire part, encore, de ces textes et des auteurs qui soutiennent dans une vie, de Desnos encore, de Pessoa aussi, de Gide pourquoi pas et de tous ceux-là qui ont su dire et su(p)porter le monde avec leur propre voix. Tiens d’ailleurs, la voix, c’est le thème du Printemps des Poètes cette année, un thème que je trouve un peu foireux, si vous me permettez. Quiconque a apprécié ou a écrit quelques lignes dans sa vie sait que chaque poète, chaque inventeur de (sa) parole, possède sa propre voix. Mais non, je ne vous parlerai pas de mes poètes ni du Printemps, car j’ai décidé de me taire.
J’avais envie, tout de même, de vous parler pour ce dernier billet d’une femme, de Camille Claudel dont l’histoire m’est si familière, étrangement proche pourrais-je même dire, à travers ce film magnifique de Bruno Dumont. Mais non, je n’en parlerai pas non plus. Allez voir le film, lisez donc la correspondance de Camille, détestez allègrement son frère bien plus fou qu’elle (si tant est qu’on puisse la qualifier, elle, de folle). Non, je ne vous parlerai pas de Camille non plus. Je glisserai simplement, ici, deux images pour hommage. La première, vous l’avez vue, la représente, elle, en Danaïde par Rodin. Sublime femme, sublime artiste, dont voici l’Implorante, la sculpture la plus bouleversante à mes yeux (à ce jour, je n’ai pas vécu émotion plus grande que cette rencontre-là dans cette discipline-là).
Oui, j’ai décidé de me taire, les Amis. De tirer ma révérence. Ma voix, je dois la porter ailleurs — ce « monde ailleurs ». Je vous remercie de tout cœur pour votre fidélité, pour ces commentaires et/ou compliments que vous avez le plus souvent choisi d’exprimer à moi seule.
Je vous quitte au printemps, paraît que c’est une belle saison pour partir, commencer ou encore recommencer. Je vous souhaite alors, à vous tous lecteurs qui vous êtes montrés curieux et sensibles à mon Petit Bois, de nouvelles et profondes forêts de découvertes, de surprenantes clairières lumineuses, et la joie des herbes fraîches sous le pied du promeneur éveillé.
Amitiés,
Mademoiselle du Petit Bois
Peut-être nous croiserons-nous encore, sur le chemin. Ailleurs.