Avec No, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (Cannes 2012), le cinéaste Pablo Larrain parle de l’histoire du Chili, de la dictature de Pinochet, et s’engage du côté de la liberté et des droits de l’homme. Mis à part ceci, cela fait longtemps que l’on n’a pas vu un aussi bon film au cinéma. Explications.
1988. Chili. Le dictateur Augusto Pinochet organise un référendum. Le peuple doit s’exprimer et dire si, oui ou non, il souhaite que le célèbre général chilien reste au pouvoir. Une campagne télévisée est alors organisée, donnant chaque jour aux deux partis, la possibilité de s’exprimer. À gauche, il y a les partisans du « oui », les pro-Pinochet. A droite, les partisans du « non ». René Saavedra, talentueux publicitaire, est dès lors engagé pour organiser la campagne des opposants. Mais les hommes du dictateur surveillent de près leur faits et gestes, et s’avèrent en en fait tirer eux-mêmes les ficelles.
C’est dans cette atmosphère pesante que Pablo Larrain installe son film. Si il est témoin de l’histoire, son long métrage n’hésite pas à prendre le parti des droits de l’homme, de la liberté. Dans l’excès, cela aurait peut-être pu être un écueil pour le réalisateur, mais Pablo Larrain se dépêtre de tous les obstacles gênants. Ainsi, on ne s’accable pas indéfiniment sur les problèmes de la société Pinochet, on ne parle pas trop lourdement des tortures psychologiques et physiques de la milice chilienne. Au contraire, le réalisateur concentre son film sur la campagne publicitaire destinée à promouvoir l’avis des opposants du régime. No n’est donc jamais obscur, jamais trop sombre, jamais tiré à quatre épingles, mais sans cesse dynamisé, mis en lumière et ponctué de quelques touches d’humour.
Ce qui est également louable dans le film de Larrain, ce n’est pas seulement son fond optimiste. La forme, le montage, et la mise en scène peuvent être également applaudies. Le réalisateur confère à son film un aspect d’époque, légèrement vieillot. Ainsi, No frise presque le faux documentaire. Et cette forme atypique sert parfaitement le film. Alors qu’on aurait pu penser qu’elle déstabiliserait le spectateur, elle permet en fait à celui-ci de s’ancrer parfaitement dans l’énergie du récit. Chaque plan, tourné comme si il s’agissait de notre propre regard, nous implique directement comme étant un énième protagoniste du film. Nous voilà donc là, partageant presque le combat de Saavedra, interprété par un Gael Garcia Bernal à l’aise dans son rôle. L’acteur mexicain reste parfaitement équilibré, bien installé dans la peau de son personnage, l’organisateur de la campagne du « non ».No, est donc la jolie surprise de ce début d’année. A la fois frais, lumineux et optimiste, le film ne s’installe pas dans un engagement excessif. Il reste sincère, vrai et ne manquera pas de vous sensibiliser. Si donc vous avez raté ce joli petit film, sachez qu’il est encore projeté dans certaines salles de l’Hexagone. N’hésitez pas.