Faute de moyens, la ville de Chicago va fermer 54 écoles cette année, une mesure qui affectera essentiellement les populations noires et latinos des quartiers déshérités. Les autorités ont pris cette mesure historique afin de combler un déficit budgétaire de un milliard de dollars et s’adapter à la baisse continue des inscriptions scolaires.
«Je sais que cela ne sera pas facile, mais je sais aussi qu’au final, cela rendra service aux enfants», a déclaré la responsable de l’éducation publique de la ville, Barbara Byrd-Bennett.
La décision était attendue depuis des mois, mais elle a provoqué un tollé chez les enseignants et les syndicats, qui entendent manifester le 27 mars prochain. «Fermer plus de 50 écoles est scandaleux. Une société qui affirme se préoccuper du bien-être de ses enfants n’a pas le droit de laisser cela arriver. Depuis 2001, 88 % des élèves affectés par les décisions de la ville sont afro-américains et c’est fait exprès», s’est emportée la présidente des syndicats de l’enseignement public, Karen Lewis.
«88 % des élèves affectés par les décisions de la ville sont afro-américains et c’est fait exprès», s’est emportée la présidente des syndicats de l’enseignement public, Karen Lewis.
Des inscriptions en baisse de 20 %
Les autorités avaient établi à l’origine une liste de 129 écoles en sous-effectifs, mais ont finalement opté pour la fermeture de cinquante-trois établissements élémentaires et un du secondaire. Onze autres écoles seront regroupées avec d’autres. La cité des vents, confrontée aux coûts croissants des salaires – les plus élevés du pays – et des garanties sociales de quelque 26.000 enseignants (pour 404.000 élèves), qui grèvent lourdement le budget, connaît aussi une baisse des inscriptions des élèves de 20 % depuis 10 ans.
Le phénomène existe dans la plupart des grandes métropoles américaines et les raisons sont multiples. Contrairement aux années 1970, lorsque les familles déménageaient en banlieue dans des maisons plus confortables, aujourd’hui la baisse d’inscription dans les quartiers urbains est due à la crise des subprimes dans l’immobilier, la baisse de la natalité et une compétition féroce avec les écoles à charte qui bénéficient d’une plus grande liberté académique que les écoles publiques.
À Chicago, la violence rampante pousse aussi les familles à s’installer ailleurs. Le fief de Barack Obama a enregistré 506 homicides en 2012 pour une population de 2,7 millions d’habitants. En comparaison, 414 meurtres ont été répertoriés pour la même période à New York qui compte plus de huit millions d’habitants. En échange des sacrifices imposés, les autorités de Chicago promettent la climatisation et des bibliothèques pour les écoles publiques qui resteront ouvertes.
Source: Le Figaro