22 loups pourront être tués cette année. Plus Deux éventuellement si le plafond est atteint avant la fin de l'année.
Les choses semblaient pliées d'avance.
Un plafond de 22 LR(loups retirés) Le groupe National loup s'est réuni hier dans la précipitation de 9 à 17 heures. Ses membres n'ont eu que trois jours pour lire, emmagasiner les 62 pages du document proposé par les ministères de l'écologie et de l'agriculture (je simplifie), se concerter "entre soi" puis "négocier" tels des chiffonniers, le plafond de la mesure principale du futur plan national "pour" le loup: combien de loups seront renvoyés à leurs chères études. Le chiffre est tombé, ce sera 22 plus deux.
22LR (loups retirés). 22 loups pourront être retirés de la circulation dans le cadre du plan d'action d'action national loup 2013-2017. 22 loups comme plafond de "gestion", plus une réserve de deux pour garantir aux éleveurs le possibilité de se protéger si le plafond est atteint avant la fin de l'année. Voilà ce que les participants du colloque sur les prédateurs organisé par la FRAPNA à Lyon ont appris hier en fin de soirée.
Christophe Castagner a arbitré les débats et les demandes des uns et des autres. Ce ne sera ni 18, ni 35, ni un loup par ZPP, mais 22 loups qui pourraient apprendre, une dernière fois, qu'il ne faut pas s'approcher des troupeaux. Au maximum 24 loups vont devoir s'enfoncer, bien profond, celà dans leurs petites têtes de prédateurs délinquants, inscrits au cours de "lupotechnie". 22 chataignes pour un bac +2.
C'est donc, par rapport au plan qui se termine, le double de loups qui pourront être tués. Une balle (euh, belle) victoire pour les éleveurs qui, on s'en doute... ne vont pas être content, histoire de faire bonne figure.
Inutile de dire qu'à Lyon, hier soir, les visages des participants au colloque étaient pour le moins crispés, et l'ambiance plombée, malgré la qualité des exposés et des débats de la journée.
Monsieur Castagner s'est visiblement débarassé de suite de la patate chaude à l'AFP sans s'en référer aux ministres qui n'étaient pas présent, ce qui me fait dire qu'une fourchette avait été validée préalablement par les deux ministères, avant la réunion du Groupe National Loup.
Par contre, pas de tir en "coeur de parc" et pour la première fois, autre chose que deux lignes de bonnes intentions à propos du braconnage.
Le document qui a été publié par FERUS et au moins une personne côté éleveurs avant cette réunion précise en effet :
"Le plafond fixé annuellement par arrêté ministériel sera ainsi diminué du nombre des animaux ayant fait l’objet d’actes de destruction volontaire constatés par les agents mentionnés à l’article L. 415-1 du code de l’environnement.
La destruction d’une espèce protégée en méconnaissance des procédures de dérogation constitue par ailleurs le délit prévu par l’article L. 415-3 du code de l’environnement : depuis la loi dite « Grenelle II » du 12 juillet 2010, il est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.Les préfets de département seront chargés de veiller, tout au long du plan 2013-2017, à la bonne coordination des services compétents de l’État dans ce domaine, et d’apporter notamment tout le soutien nécessaire au maintien et au renforcement éventuel des actions dissuasives de surveillance ainsi que des actions de police ciblées menées par les services de l’ONCFS, lorsque des éléments feront craindre des actes de braconnage."
Ce troisième paragraphe est une nouveauté. Reste à voir si l'Etat a encore une parole..., rappelons que trois ministres successifs avaient promis juré que les ours cette fois-çi, morts d'une cause anthropique seraient remplacés. Paroles qui n'ont jamais été tenues.
Université de lupotechnie
Côté folklore, les "inventeurs" de la théorie de "l'éducation du loup" étaient venus sur place pour expliquer et défendre leurs mesures qui laissent il faut bien le dire tout le monde dans chaque camp dubitatifs. Et le budget pour attraper les loups, les "choquer psychologiquement", les "humilier" et leur dire "casse toi de ce troupeau pauv'con" n'est pas négligeable. Ah, cette envie de gérer la nature qui par définition est ce qui nous échappe...
Ce ne sera ni facile, ni efficace, mais il faut croire qu'ils avaient leurs entrées aux ministères (pas de l'éducation nationale) mais des deux autres. A moins qu'un d'entre eux aie tapé dans l'oeil de la ministre bouclée. Je vous fiche mon billet qu'on va bien en rire dans les années qui viennent. Ceux qui étaient déjà responsable de la capture des loups dans le mercantour vont être à la une des actualités pendant quelques temps. Mais c'est peut-être la seule chose que ces "psys" pour Canis lupus délinquants cherchent: de la publicité. Un pari risqué qui n'enchante surement pas les fonctionnaires soumis au devoir de réserve. "L'université de la lupotechnie" risque de ne pas être aussi "exemplaire" que la gestion du loup auditée par Olof liberg à la demande du Ministère français de l’Environnement par l’intermédiaire du Comité français de l’IUCN.
Réactions mitigées
Malgré ce que titre la presse: "Ecolos et éleveurs d'accord pour tuer 24 loups maximum par an", personne ne semble ravi, au moins officiellement. Hier soir à Lyon c'était "trop" pour Jean-David Abel de FNE et "beaucoup trop" pour Pierre Athanase de l'ASPAS qui a annoncé le chiffre aux participants du colloque.
Côté pastoral:
"L'état confirme son choix de privilégier les loups au détriments (sic) des éleveurs, des bergers, des professionnels qui dépendent d'eux et des familles de tous. L'Etat fait le choix d'être le complice et le commanditaire des attaques des loups féroces et sanguinaires sur les troupeaux" râlait la Fédération des acteurs ruraux en début de soirée, avant de revenir avec leurs chiffres fantaisistes: "Cette déclaration est en fait une mauvaise nouvelle pour l'élevage, la ruralité. Si il n'y a que 250 loups en france (chiffre officiel) (NDLB: comprendre très largement sous évalué) avec un accroissement de 30% par an de la population il y en aurait 75 de plus en un an." alors que du côté officiel, on ne parle pas de 30% mais de seulement 19% d'augmentation.
Yves Derbez, d'Eleveurs et Montagnes écrivait quant à lui dans un communiqué beaucoup plus enthousiaste:
"Si nous arrivons à atteindre l'objectif fixé d'ici la fin de l'année, nous aurons déjà fait un grand pas en avant. L'Etat affiche sa volonté de renforcer les tirs de prélèvements et les tirs de défense. L'objectif est bien de tuer les loups qui menaceront les troupeaux. Le plafond est fixé à 24 loups. Si nous y arrivons, quelque chose de vraiment important aura été fait."
De son côté, scandalisé, Jean-Luc Valérie, qui pronostique que les loups s'éparpillent plus et plus loin chaque fois qu'ils sont pourchassés et traqués en appelle à la démition de Christophe Castagner. Celui-çi, au contraire, semble ravi de cet "accord".
D'autres réactions suivront aujourd'hui sans doute.