Mais qui a bien pu réveiller, ce matin, en Session du Conseil général, l’esprit du grand Victor Hugo ? Sans nul doute un amoureux des belles lettres qui ne manque ni d’humour, ni d’à-propos.
Ce 22 mars 2013, nous vivions un moment rare, très fort dans la vie de notre département. En effet, les débats en cours autour du numérique touchaient directement l’avenir et la réussite de notre territoire.
Les échanges, nourris, étaient de haute volée et le génie des Contemplations s’est soudain invité dans l’hémicycle, emportant avec lui, l’Assemblée et le public.
A son collègue qui revendiquait, dans un sourire, son statut de poète du 19ème siècle, un jeune élu a répondu avec une élégance certaine et un éclat d’espièglerie, invoquant notre monstre sacré de la littérature française, père du romantisme, ni plus ni moins….
« Toi le poète du 19ème », commence-t-il, « je te dirai ceci » :
« Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je me connecterai, vois-tu, je sais que tu m’attends… »
Un mélange astucieux et vif des genres et des époques qui a plutôt suscité joie et bienveillance dans la salle. Tout à coup, par les rires et les mots, il y a eu cette concordance des êtres, un état de grâce, bref, fragile mais magique.
Je l’avoue, je garde de cet épisode, un souvenir très heureux, réconfortant. Il est attaché à l’Orne comme à ma jeunesse, aux tendres insolences littéraires de mes grands-parents, à nos veillées de Noël dans la grande salle à manger de Panjas, à nos jeux d’esprit dès le petit-déjeuner. D’un vers, ce sont 700km qui disparaissent, d’un vers, je me sens chez moi d’Ouest en Ouest.
Mais laissons au grand Victor, le soin de conclure… lui qui écrivait que « de quelque mot profond, tout homme est le disciple ».