Au petit matin, une boule de feu, des explosions et une énorme onde de choc enregistrée des centaines de kilomètres à la ronde ont semé la panique et fait plus d’un millier de blessés dans la région russe de Tcheliabinsk. Une météorite d’environ 15 à 17 m de diamètre a traversé l’atmosphère à la vitesse faramineuse de 65 000 km/h, puis s’est désintégrée au-dessus de l’Oural, dispersant quelques maigres fragments brûlants sur sa trajectoire, et en bout de course dans le lac gelé de Tchebarkoul.
L’événement est historique. Et pour la première fois, les scientifiques disposent d’observations objectives, enregistrées depuis l’espace jusqu’au sol où, grâce à des caméras de pare-brise, le monde entier a pu partager la stupeur des spectateurs. Pour les astronomes, et pour la rédaction de Ciel & Espace, l’enquête ne faisait que commencer. Et elle est importante car, jusqu’à présent, il n’existe pas de modèle fiable pour prévoir la désintégration d’une météorite dans l’atmosphère. Vous lirez dans ce numéro des témoignages exclusifs et découvrirez que notre atmosphère — qui équivaut à un mur d’eau de 10 m d’épaisseur — joue un rôle protecteur essentiel dans ce type d’impact avec un “petit” corps. Lequel s’est désintégré en vol, puis massivement fragmenté, au point de ne céder que quelques centaines de kilogrammes d’échantillons à l’analyse au sol.
L’événement de l’Oural marquera l’histoire contemporaine car il satisfait les exigences des saint Thomas du principe de précaution. Nous l’avons vu et pouvons le croire. Ça arrive et ça se reproduira. En conséquence, financer des programmes pour détecter, qualifier, et dans le futur dévier les montagnes de rochers les plus menaçantes, est politiquement fondé. Même si la probabilité est, en moyenne, d’une fois par siècle…
Alain Cirou
Directeur de la rédaction
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