Au Montparnasse, exquise version de l'une des meilleures comédies d'Oscar Wilde...

Publié le 22 mars 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Portés par une nouvelle traduction à la fois fidèle et revivifiante de Jean-Marie Besset ainsi qu'une drolatique mise en scène de Gilbert Désveaux, sept excellents comédiens se délectent et nous régalent de l'oeuvre de l'auteur anglais. A ne pas manquer.

Comédie réjouissante et pleine d'esprit, "L'importance d'être sérieux" narre les aventures d'une jeunesse en mal de liberté, volontiers subversive, soucieuse de s'émanciper des us et coutumes obsolètes d'une aristocratie déclinante. Algernon et Jack, deux Dandys amis et complices que l'on découvrira frères en fin de spectacle, se sont inventés des alter ego demeurant loin de leurs cercles d'intimes afin de pouvoir les "visiter" à loisir et jouir ainsi des plaisirs de la vie sans se soucier des qu'en dira-t-on. Jack tombera sous le charme de la jolie Gwendoline, cousine de son acolyte, tandis qu'Algernon s'éprendra de Cecily, dont Jack est le tuteur. Deux mariages en vue, donc, auxquels l'acariâtre et conservatrice tante d'Algernon, Lady Bracknell, n'entendra pas donner son consentement, les amoureux n'appartenant pas au même monde... 

Préservant l'élégance du style Wildien, Jean-Marie Besset a su habilement redonner à la pièce un piquant et une modernité dont les traducteurs précédents s'étaient parfois éloignés. A tort.  Répliques plus vives, moins maniérées mais tout aussi savoureuses. De francs écarts de langage échappent même aux jeunes protagonistes. L'adaptateur réaffirme par ailleurs clairement l'ambiguïté sexuelle de certains personnages qui avait pu s'estomper au fil de dialogues aux sous entendus souvent gommés. Appréciables  dépoussiérage et remise sur les rails de ce qui est également une pertinente variation sur l'homme en quête de sa moitié perdue, de son autre lui-même.

Plutôt classique et conventionnelle à première vue, la mise en scène va pourtant dans la même direction. Car Gilbert Désvéaux, qui dirige ses comédiens avec une appréciable précision, distille de-ci de-là fraîcheur et fantaisie, osant en douceur. ainsi laisse-t-il les couples se livrer à des attouchements sans équivoque pour exprimer leur amour, ou fait-il se chamailler Jack et Algernon en s'envoyant, tels des gosses, des petits fours au visage. Ce dernier n'hésite pas à mettre la main aux fesses d'un domestique quittant la pièce quelque peu débraillé... De nombreux détails qui n'en sont pas et servent parfaitement les intentions de l'auteur.

La distribution est formidable. Rôle après rôle, Arnaud Denis (Algernon) ne cesse de nous séduire et de nous convaincre un peu plus de son très grand talent. En dandy espiègle et  jouisseur, il fait preuve d'un merveilleux naturel, donne à voir un jeu gourmand, d'une limpidité totale, aux multiples facettes. Mathieu Bisson (Jack), qui incarna superbement Truffaut il y a peu, n'est pas en reste. L'acteur dégage une énergie et une sensibilité joliment complémentaires. L'immense Claude Aufaure compose pour sa part une impayable et monstrueuse Lady Bracknell. Brillante idée que de lui avoir confié ce personnage de gorgone en même temps que celui du délicat révérend Chasuble. Mathilde Bisson et Marilyne Fontaine sont de pétillantes demoiselles, rêvant du "mari idéal", au tempérament bien trempé. Bien que trop jeune pour son rôle de perceptrice de Cecily, Margaret Zenou campe un savoureux modèle de pruderie et d'étroitesse d'esprit. Citons enfin Mathieu Brion qui fait des début discrets mais justes en domestique.

N'hésitez pas !

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