L’Ukraine. Tchernobyl. La catastrophe. Des vies brisées à jamais. Gouri arrive de Kiev avec sa moto et sa remorque. Il veut aller dans la zone interdite, à Pripiat, revoir une dernière fois l’appartement qu’il à dû quitter définitivement quelques jours après « l’incident ». Il souhaite récupérer un objet particulier qui, il en est persuadé, n’a pas pu intéresser les pillards. Avant de pénétrer dans la zone, il s’arrête chez Iakov et Vera. Deux ans qu’il ne les a pas vus. Une halte bienvenue qui ravive les souvenirs. Le temps d’avant, celui où il faisait bon vivre dans cette campagne verdoyante. Iakov se meurt. Gouri le poète va l’aider à écrire une dernière lettre à sa femme : « On ne s’est jamais trop dit les choses avec Vera. C’est pour ça. Mais maintenant, c’est différent. J’aimerais bien écrire quelque chose de gentil pour elle. Tu comprends. Quelque chose qu’elle pourra lire quand je serai passé et que ça lui fera du bien de le lire. Qu’elle pourra même garder avec elle, si elle veut, comme ça dans la poche de son tablier pour se le relire de temps en temps et se souvenir de tout ça. Comme on s’aimait bien tous les deux. Voila, c’est ça que j’aimerais faire pour elle. »
Un livre prêté par Noukette. Pas à dire, elle sait quand un roman va me plaire. Après Les Demeurées, je lui suis donc redevable d’une nouvelle pépite avec La nuit tombée. Pour le coup elle n’était pas la seule à avoir adoré ce roman puisque je me rappelle de billets très élogieux chez Valérie et Hélène, entre autres. Quoi qu’il en soit, c’est un texte fait pour moi. Court, percutant, plein d’émotion retenue, sans un mot de trop. Antoine Choplin marche sur un fil et jamais il ne tombe du coté du larmoyant. A Tchernobyl, au bord du chaos, l’humanité reste debout. Certains sont condamnés, d’autres savent que ce sera sans doute bientôt leur tour. Mais en attendant, la vie continue et il faut rester soudé. L’amitié, l’entraide, les moments passés ensemble autour d’une bouteille de Vodka, c’est ce qui donne du sens à ces existences en perpétuel sursis. Une belle réflexion également sur la difficulté à quitter de force la terre qui vous a vu naître et où vos enfants on grandi. Impossible d’oublier ce monde aujourd’hui défunt, ravagé par l’apocalypse. Finalement, il n’y a rien de mieux que les mots et l’écriture pour garder à jamais une trace de nos souvenirs les plus doux. Un texte magistral.
La nuit tombée d’Antoine Choplin. La fosse aux ours, 2012. 122 pages. 16 euros. Les avis de Noukette, Valérie, Hélène, Kathel, Philisine Cave.