« Chaque écrivain, tout au long de sa vie, exprime un seul thème. C’est la nécessité de compréhension, de tendresse et de persévérance dans l’infortune chez des individus traqués par les circonstances ».
Nous débuterons notre chronique par cette citation de Tennessee Williams, auteur du spectacle La ménagerie de verre, dont une représentation exceptionnelle a été donné au Vingtième théâtre, le 12 mars dernier.
En effet, nous avons affaire à un tableau des plus représentatifs d’une famille qui tente de survivre à la crise de 1929 aux Etats -Unis et plus précisément en Louisiane.
C’est l’histoire d’un homme, Tom, qui est rattrapé par les souvenirs des instants passés avec sa mère et sa sœur. Ainsi, il nous fait partager des moments de vie de sa jeunesse, entre rires et scènes de larmes, entre sa colère de jeune homme omniprésente, les divagations de sa mère Amanda, toujours accrochée à sa jeunesse dorée, et, la timidité maladive de sa sœur Laura, infirme d’une jambe.
Tom, portant le poids de l’abandon de leur père, va tenter de nous sensibiliser au pourquoi de sa fuite, à ses rêves brisés par la réalité et la dureté de l’existence, à cette folie palpable auprès de tous et à ces cicatrices encore ouvertes, le tout baigné dans une atmosphère pesante et instable où chaque personnage, enchaîné l’un à l’autre, tente de se débattre tel un papillon pris au piège de la lumière.
La ménagerie de verre, ici, illustrée par une petite table où se trouvent différents animaux en verre appartenant à Laura, est la parabole de ces destinées fragiles, de cette infirmité qui empêche de vivre normalement, de cette période de crise économique où tout bascule, des rêves de Tom qui attendent celui-ci au pas de la porte. Tout cela nous est brillamment transmis grâce au talent de la troupe.
Raphaël Mondon, Florence Cabes, Carole Nourry et Gaspard Legendre nous séduisent par leur jeu plein de sincérité et de profondeur. Nous avons presque le sentiment d’épier les personnages à leur insu. C’est à la fois délicieux et captivant.
Quant à la mise en scène de la pièce, Carole Nourry nous invite avec finesse dans un univers de rêve et de réalisme qui nous renvoie à une ambiance cinématographique, chère à Tennessee Williams.
Concernant la musique, nous aurions aimé écouter un peu plus des mélodies du guitariste qui était aux côtés de la scène et de l’avoir ainsi plus présent car il aurait représenté au mieux cette légèreté de ton, mêlée à cette intensité indispensable à l’œuvre.
Si d’autres représentations sont prévues nous ne manquerons pas de vous tenir informé.