Les hommes qui ont des enfants à un âge avancé ont un risque accru d’avoir des petits-enfants atteints d’autisme, par rapport aux grands-pères plus jeunes, comme s’ils transmettaient le risque d’autisme à travers les générations. Cette étude du King’s College London, publiée dans le JAMA Psychiatry est la première à démontrer une accumulation de facteurs de risque de l’autisme au fil des générations.
Des études ont déjà suggéré l’âge du père comme facteur de risque d’autisme pour l’enfant et associé une paternité de plus en plus tardive à l’augmentation de l’incidence. L’étude génomique publiée en 2012 dans la revue Nature montrait ainsi un doublement du taux de mutations paternelles de novo tous les 16 ans, avec une augmentation moyenne de 2 mutations par an et alertait déjà sur ce risque d’une conception à un âge avancé. D’autres études, comme celle de de l’Université du Texas Health Science Center à Houston montrait, dans la revue Journal of Autism and Developmental Disorders qu’un âge avancé maternel et paternel, est associé, conjointement, au risque d’avoir un enfant avec trouble du spectre autistique (TSA). Ce qui est nouveau, avec cette recherche est la constatation du saut de génération.
Les chercheurs du King’s College London, du Karolinska Institutet (Suède) et du Queensland Brain Institute (Australie) ont travaillé sur les données de 5.936 personnes atteintes d’autisme et 30.923 témoins sains nés en Suède depuis 1932 et, en particulier, sur l’âge maternel et paternel pour chaque participant. Leur analyse révèle
· que le risque d’autisme chez les petits-enfants augmente en fonction de l’âge du grand-père au moment de la naissance de ses enfants.
· Ainsi, les hommes qui ont eu une fille à l’âge de 50 ans ou plus, s’avèrent 1,79 fois plus susceptibles d’avoir un petit-enfant avec autisme.
· Les hommes qui ont eu un fils à l’âge de 50 ans ou plus s’avèrent 1,67 fois plus susceptibles d’avoir un petit-enfant atteint d’autisme, vs les hommes qui ont eu leurs enfants entre 20 et 24 ans.
Les effets environnementaux sur notre génome : Le Dr Avi Reichenberg, co-auteur de l’étude rappelle notre tendance à penser en termes d » ici et maintenant » et à laisser de côté les effets environnementaux sur notre génome. Pour la première fois en psychiatrie. Avec cette étude, il montre en effet que le mode/choix de vie du grand-père des choix de vie peut affecter l’enfant. Alors que l’autisme est connu pour être causé par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux, alors que l’on sait déjà l’importance de l’âge du père sur le risque d’autisme pour l’enfant, l’étude montre que ces facteurs de risque peuvent s’accumuler au fil des générations. Si le mécanisme sous-jacent reste encore mal compris, l’explication pourrait résider dans les mutations qui interviennent dans les spermatozoïdes mâles, chaque division du génome pouvant donner lieu à de nouvelles mutations. Ces mutations silencieuses, comme l’expliquait l’étude de Nature sont transmise à l’enfant, en bonne santé, mais peuvent ensuite influencer le risque d’autisme, pour les générations suivantes.
Source: King’s College London via Eurekalert (AAAS) Older grandfathers pass on autism risk through generations
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