06H41, de Jean-Philippe Blondel

Par Geybuss

  

Roman - Editions Buchet Chastel - 240 pages - 15 €

Parution le 3 janvier 2013

L'histoire : Troyes. Après un énième weekend passés chez ses parents vieillissants, Cécile Duffaut monte dans le train de 06h41, qui la ramène à Paris, dans sa vie.

Une place reste libre à ses côtés. Un homme s'y assoit. Il s'agit de Philippe Leduc, un homme qui va sur Paris rendre visite à un ami.

Ces deux êtres se connaissent et ne se sont pas vus depuis 27 ans, lors d'un séjour Londonnien où l'un des deux avait rejeté l'autre dans la plus pure tradition de la goujaterie.

Une heure et demie de voyage jusqu'à Paris... Cécile et Luc vont ils se reconnaître, se pardonner, se raconter ces 27 dernières années ou de simples banalités. Vont-ils simplement s'ignorer ?

Tentation : Le "label" Blondel

Fournisseur : La bib

 Mon humble avis : Qu'ai-je fait de ma vie ? Qu'es tu devenu ? C'est la question que se posent deux voix en parallèle tout au long de ce livre. Tout aussi parallèles que les rails qui forment les voies de chemin de fer. D'ailleurs, l'histoire se passe dans un train province/Paris. Deux quadra bien avancés se retrouvent voisins. Ils ne se sont pas vu depuis 27 ans, depuis leur désastreuse rupture après une courte histoire d'amour de 4 mois.

J'ai beaucoup aimé ce livre, même si ma préférence va à l'opus Blondel de l'an dernier "Et rester vivant". Le style est percutant, vif, les phrases courtes, et les mots justes. Pas de fioriture, nous sommes dans la tête de deux humains ordinaires. Le roman se lit vite. Je suis sûre que c'est un livre qui peut se lire en temps réel (train TER Troyes /Paris pour tout lecteur moins lent que moi).

Alors, ces deux voix parallèle.... Vont elles se rejoindre à l'infini comme en mathématiques ? Vous n'aurez pas à attendre aussi longtemps, juste à vous laisser plonger dans les souvenirs de ces deux personnes. L'une touchante dans sa victoire contre les élements, l'autre touchante de tant de gâchis.... ce qui fait que pour ce personnage là, j'ai plus éprouvé de la pitié, voir du mépris... En même temps, ne l'a-t-il pas un peu cherché ? Mais, notre comportement à 20 ans doit il nécessairement nous poursuivre toute notre vie ?

Chacun leur tour, Cécile et Luc s'interrogent intérieurement sur eux mêmes et sur l'autre." Me reconnait elle" ? "Mais si, c'est lui, comme il a changé".  Un frôlement de genou et une excuse lorsque l'un se lève pour aller aux toilettes. Puis chacun retourne dans ses pensées.

Il y a 27 ans, l'un d'eux était transparent, insignifiant et prenait les quelques grammes d'amour que l'autre lui donnait. L'autre était la classe, l'aisance, la fierté, la provocation, la goujaterie personnalisée. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée. Ce n'est plus le même personnage que tout le monde remarque dans ce train. L'un a tout réussi ou presque, l'autre a tout râté ou presque. Que reste il de leur histoire ? De la haine, de la rancoeur, une envie de pardon ? Et l'un de se dire... Si ça se trouve, c'est grâce à son ignominie envers moi que je suis devenu ce que je suis, par cette décision soudaine prise 27 ans plus tôt que jamais, non plus jamais, on ne me traiterait comme ça. Peut on sortir victorieux et le devoir entre autre à notre pire ennemi, ou en tout cas, à notre pire souvenir ? Parler, il faut parler.

De très très belles réflexions dans ce livre sur l'influence d'événements douloureux sur notre vie et la façon que l'on a de la prendre en main, avec les moyens du bord. Bien sûr, chacun pourra se reconnaître plus ou moins dans l'un ou l'autre des personnages (dont je tais volontairement ici les qualités et défauts afin que la découverte soit totale pour vous. On ne sait dans ce billet qui est dans la "loose").

Et moi, que ferais-je si je me retrouvais dans une telle situation.... Tout d'abord, choisir la personne qui m'a fait le plus de mal dans ma vie de lycéenne mal dans sa peau et d'amoureuse en général... Pffou, ça fait du monde... Il y a ceux qui l'ont fait par action, d'autre par omission.Le problème, c'est qu'il y a de forte chance que je sois du côté de la loose et que je ne puisse me targuer de grand chose. Pas de vengeance de l'opprimée ! Bon, je choisis une cible... A y'est, j'ai trouvé... en piochant dans la catégorie "action" : Je lui demande : Pourquoi  ? Pourquoi moi et ensuite, je lui tord le cou. La vengeance est un plat qui se mange froid, quelques soient les couverts. Mais là, je sors complètement du sujet de 06h41. Pour remonter dans le train, achetez et lisez le bouquin qui fait d'ailleurs un tabac. Cinquième réimpression, je ne suis pas la seule à l'apprécier !

L'avis de Clara, Stéphie, Lucie, Antigone